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Page:Retif de La Bretonne - Les Contemporaines, t. 2, éd. Assézat, 1876.djvu/9

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RESTIF ÉCRIVAIN

SON ŒUVRE ET SA PORTÉE


I.


Il y aura tantôt vingt ans que, dans une Revue qui fît, contrairement à tant d’autres, plus de besogne que de bruit[1], je terminais un article sur l’homme dont je parle encore aujourd’hui, par ces mots :

« On ne réimprimera pas Restif, il sera longtemps la seule propriété des curieux ; il a voulu trop faire, il s’est rompu à la tâche et n’a pu mener de front la réforme morale, la réforme orthographique, la réforme du roman, ses affaires de famille et le soin de son talent. Tout en a un peu souffert : les mœurs, ses affaires et son talent. Il n’a pu se livrer que pièce à pièce, de loin en loin, par éclairs ; ce n’est pas ainsi qu’on domine la postérité. »

Aujourd’hui que je démens moi-même ma prophétie, en réimprimant quelques pages de cet écrivain, je puis me rendre ce témoignage que je n’ai pas changé d’opinion sur son mérite littéraire, mais que je sens peut-être un peu mieux les causes de l’intérêt que présenteront ses livres à mesure qu’on s’éloignera du temps où il vivait. Ils peignent un monde disparu et ils n’ont pas été sans influence sur les événements qui ont suivi. C’est à ces deux points de vue que je vais essayer d’envisager l’œuvre après avoir raconté l’homme[2].

  1. Réalisme, no du 15 janvier 1857.
  2. Voyez Vie de Restif, introduction du volume les Contemporaines mêlées.