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LA JOLIE-PARADEUSE.

se-comporter avec honnêteté. Il s’informa de la situacion de son cœur. Elle répondit, Qu’elle n’aimait rien ; mais qu’elle s’était-mise comme sous la garde de Cassandre, afin-d’avoir un défenseur, qui s’intéressât à elle en-l’absence de sa Mère. Cet entretien prit toute la demi-heure, et il n’y-eutpas d’autre explicacion : Isabelle ala-jouer.

Elle tint-parole au Jeunehomme : Elle mêla dans son rôle, quelques-unes des choses honnêtes qu’ils avaient-dites ensemble, et les appliqua d’une manière spirituelle, qui la fit-applaudir. La pièce finie, elle revint auprès de lui dans la loge, et se-mit dans l’ombre, pour n’êtrc-pas-aperçue des Spectateurs. — Mais, comment est-il possible (lui dit Belval), que vous ayiez de pareils sentimens dans votre état ? — Ma Mère a-été-bién-élevée : mais un procès l’ayant-ruinée, elle n’a-pas-trouvé d’autre ressource, que celle de jouer la parade. — Et comment se-nomait votre Mère ? — M.me Romainville. — Qui possédait un bien à Lonjumeau ? — — Oui, Monsieur. — Quoi ! vous êtes mlle Romainville ? — Oui Monsieur. — Vous aviezunebelle maison, rue Daujjne ! — Oui, Monsieur, près celle***. — Je n’en-puis douter… C’est ma Mère qui acommencé de ruiner la vôtre : nous somes-parens ; vous êtes ma Cousine. — Hâ ! quel bonheur ! (s’écria Isabelle). Mais on lève la toile ; je vais-jouer ; je reviendrai, dès-que mon rôle sera-fini-.

Pendant la mauvaise-farce qu’on donna. Belval réfléchissait : Isabelle était — charmante ; il sentait qu’il l’adorait : il se-rapela de l’avoir-vue dans son enfance, lorsqu’elle était-destinée par sa fortune, à être un Parti convenable, et que dèslors, il avait-desiré de l’obtenir pour compagne. Mais les circonstances étaient-bién-changées ! dans quel état il la trouvait… Isabelle ayant-paru, il l’écouta ; il y-avait dans la pièce {l’Enfant prodigue), une reconnaissance trèstouchante, du Frère et de la Sœur : Isabelle y-mit tant de patetiq,