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vie. Morte ou vivante, statue ou femme, ombre ou corps, sa beauté était toujours la môme, seulement l’éclat vert de ses prunelles était un peu amorti et sa bouche, si vermeille autrefois, n’était plus teintée que d’un rose faible et tendre presque semblable à celui de ses joues. Les petites Jleurs bleues que j’avais remarquées dans ses cheveux étaient tout à fait sèches et avaient presque perdu toutes leurs feuilles, ce qui ne l’empêchait pas d’être charmante, si charmante que, malgréla singularité de l’aventure et la façon inexplicable dont elle était entrée dans la chambre, je n’eus pas un instant de frayeur (i) ». Gautier se montre ici un véritable disciple de Rembrandt. Et c’est très beau. Toute cette nouvelle se déroule en tableaux exquis pleins de couleurs et de clair obscur, répandues avec une habileté surprenante. Le poète ne s’attache pas au côté fantastique, ne scrute pas d’un œil de psychologue les cœurs et les sentiments, il n’est pas moraliste, il se contente de décrire. (i) Nouvelles par Th. G. Nouvelle édition corrigée et revue. Charpentier, iS45, p. 39a.