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Page:Retour de la domination espagnole à Cambrai – Siège de 1595 par le Comte de Fuentes.djvu/19

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ils tirèrent dans tous leurs quartiers toutes leurs arquebuses et mousquets, et peu après toute leur artillerie ; ils firent ensuite de grands feux de joie, et mirent des falots de paille sur leurs piques et sur leurs lances, ce qui étonna beaucoup les personnes qui se trouvaient sur le rempart Robert, jusqu’à la porte de Selles, où il n’y avait pas un seul capitaine de la garnison ; les soldats pensèrent que l’ennemi s’était emparé de quelque ravelin.

Le jeudi 7 au soir, 60 chevaux et quelque infanterie française sortirent par la porte de St-Sépulchre, pensant faire quelqu’entreprise sur ceux du camp, mais ils trouvèrent en tête 100 à 120 chevaux qui les attendirent et les chassèrent jusqu’à la porte Neuve, en en tuant et blessant plusieurs.

Le vendredi 8, ceux de la ville tirèrent dans les fossés sur les gabions de l’ennemi ; ils en brûlèrent quelques-uns, ainsi que d’autres qui étaient préparés assez près de la porte du Mal, pour dresser des batteries. Quelques suisses et autres personnes qui étaient sur les remparts furent tués, tant par l’artillerie que par la mousqueterie du camp, alors très près des fossés de la porte du Mal ; car les Espagnols avançaient toujours leurs tranchées.

Le même jour au soir, vint un cavalier du côté de Proville assez proche de la porte de St-Sépulchre, il cria : Vive le prince de Chimai ; puis il prit son chemin par Marcoing ; mais il fut tué par un des soldats du ravelin, et son cheval fut ramené en ville. Il ne se passait aucune nuit sans qu’il arrivât quelque messager assurant que le Roi venait secourir la ville. Du moins on le faisait croire aux bourgeois ; tantôt on disait que le duc de Bouillon était arrivé à Bouchain avec 4 à 5,000 hommes. Ainsi on nous menait de jour en jour, mais on voyait bien que ceux du camp faisaient si bonne garde, que ni duc, ni seigneur ne pouvaient entrer dans la ville que par force ou par trahison.