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Page:Retour de la domination espagnole à Cambrai – Siège de 1595 par le Comte de Fuentes.djvu/23

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belles granges, sans penser à indemniser les propriétaires. Les lamentations de ces braves gens fendaient le cœur, et ce qui était pis, c’est que ceux qui ne faisaient pas assez de diligence pour enlever leurs meubles, les voyaient donner en pillage aux soldats, aussi en firent-ils plus qu’on ne leur en avait commandé pour avoir plus d’occasions de pillage. Les matériaux, combustibles leur furent abandonnés, sans que les propriétaires pussent en tirer aucun profit, sinon qu’ils pouvaient aussi piller leurs propres biens avec les autres, et on continua ces dilapidations le jeudi, le vendredi et le samedi. Pendant ces mêmes jours, ceux du camp continuèrent à tirer des coups de canon contre le clocher de St-Géry, et cela par l’opiniâtreté de Balagny, qui ne voulut jamais retirer les soldats qu’il y avait mis. Le bruit courut que le mercredi, les Espagnols avaient envoyé un trompette, exprès pour l’y engager, mais qu’il avait répondu qu’il en mettrait 50 de plus ; à quoi les Espagnols firent une protestation, et dirent que c’était à leur grand regret qu’ils étaient forcés de tirer sur le clocher de St-Géry. Il y eut plusieurs belles cloches cassées, encore par l’entêtement de Balagny, qui ne voulut jamais permettre aux chanoines de les faire descendre, malgré les requêtes et supplications qu’ils lui avaient faites. Plusieurs soldats désertèrent pour se rendre au camp ; les bourgeois espérèrent que le rapport qu’ils feraient de leur bonne volonté à rendre la ville, les préserveraient de la colère des Espagnols. Ceux-ci avançaient toujours, on disait qu’ils étaient prêts à battre dès le vendredi. La nuit du jeudi 14 septembre, ils s’emparèrent du corps-de-garde qui était à la porte du Mal, où les soldats et les bourgeois faisaient la garde le jour ; ils y placèrent aussitôt quatre pièces de canon et tirèrent continuellement après nos défenses, principalement contre les casemates Robert.