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Anadyomène



Mes goëlands altiers envolés sur la mer
Trempaient leur aile pâle en l’écume des vagues,
Et vers toi mon rêve, à travers le vent amer,
Sanglotait pour avoir adoré tes yeux vagues.

L’aurore en fleurs et les printemps de la Floride
Ont parfumé les flots qui te sacrent divine,
Anadyomène, radieuse Océanide
Dont les yeux dorment, lourds d’une ivresse divine.

La mer était harmonieuse et toi, sa fille,
Tu vins tressant des lys mollement inclinés ;
Le soleil s’exilait tel un roi détrôné —
Mais la mer souriait comme une jeune fille.

Or tes yeux — songes d’or, d’ombre et de volupté —
Reflétèrent la mer et le soleil saignant :
Farouche, tu régnais sur mes soirs frémissants,
Vénus Anadyomène, immense Volupté !