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2 LE SYMBOLISME

les plus savoureux de la sagesse panthéiste. Ce faisant, ils ont été fort critiqués ; mais ils se sont bien défendus.

Aujourd’hui que les années ont passé leur rouleau sur les polémiques de naguère, il n’est peut-être pas sans intérêt de raconter quelques-uns des incidents de cette lutte contre les plaisantins de presse, les Henry Fouquier fieleux, les naturalistes pesants et les Parnassiens rigides.

On a cru bon également d’esquisser, dans les lignes qui suivent, la physionomie de plusieurs des symbolistes et des Maîtres dont ils se réclamaient. On a multiplié les anecdotes significatives et l’on s’est efforcé de ne pas se montrer trop partial pour un mouvement qui eut, sans doute, des ridicules, mais qui eut aussi de la grandeur. Ce qui dominait, c’était l’amour désintéressé de l’art. Farouches dans leurs convictions, fiers de révolutionner les lettres françaises, les symbolistes n’admettaient aucun tempérament à l’absolu de leur idéal. Ils combattaient pour le triomphe du vers libre et pour la gloire du rêve comme d’autres combattent pour fonder une religion ou un empire. Tout contradicteur était lardé par eux d’épigrammes barbelées et d’apostrophes virulentes. De leur côté, leurs adversaires ne les ménagaient point. De sorte qu’il s’échangeait des invectives et des gourmades dont se sou-