Page:Retté - Réflexions sur l’anarchie. Promenades subversives.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
− 16 −

« Vous avez le droit de vous mettre en grève » disent les Bourgeois aux ouvriers. « Très bien, répondent les ouvriers des manufactures de l’État, comme nous crevons un peu de faim, nous allons nous mettre en grève. » — Pardon, reprennent les Bourgeois, vous autres vous n’êtes plus des ouvriers, vous êtes des fonctionnaires. Nous allons faire une loi qui vous interdise la grève au nom de la liberté des gens qui veulent circuler sur le chemin de fer, acheter des allumettes ou des armes à feu ou du tabac. » — « Mais alors, nous, nous ne sommes plus libres ? » disent les ouvriers. « Vous êtes libres de vous en aller si nos règlements ne vous conviennent pas. » — « Et manger ? » objectent les ouvriers. « Cela ne nous regarde pas » répondent les Bourgeois.

Des ouvriers se mettent en grève. Le fils de leur patron leur tire un coup de fusil chargé avec du gros plomb et en blesse cinq. Coût : 100 fr. d’amende avec application de la loi Bérenger. — (Affaire récente à Avesnes). Deux employés des omnibus engagent leurs camarades à résister à la Compagnie. Coût : six et huit mois de prison, sans loi Bérenger. Les Bourgeois trouvent cela fort judicieux.

Un Simple tue l’homme qui symbolise la Bourgeoisie et cette bizarre mécanique qu’elle intitule en son patois : le jeu régulier des institutions parlementaires. Il a frappé au nom d’une Idée, qu’il comprenait plus ou moins bien — on le guillotine.

Un Homicide professionnel massacre beaucoup de nègres au nom de la civilisation. On lui plante sur la tête un bouquet de plumes blanches et on lui attache sur la poitrine une amulette en émail. Et les patriotes de la tribu dansent autour du totem.