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gés qui interdisent à une femme bien née de s’instruire, de penser et de vivre avec la liberté d’un homme.

À ce point de vue, les premiers romans de Marcelle Tinayre ont servi la grande cause du féminisme ; elle est entrée dans la lutte, comme la jeune amazone Perseis, défendant le bouclier d’Alexandre ; plus heureuse que son héroïne, elle a gardé la vie en gagnant la victoire. Il faut donc considérer ces premiers romans comme autant de documents sur cette période de l’émancipation des femmes, et comme des œuvres déjà parfaites par la beauté de la forme, la souplesse du langage, et sa pureté, qui est celle du grand siècle.

Ceux mêmes qui repoussent le féminisme avec horreur, parce qu’ils l’imaginent sous les traits d’une femme à barbe, se laissent séduire par la justesse de cet esprit dont la virilité se cache sous la grâce. L’originalité du talent de Marcelle Tinayre est dans cette alliance