Le pillage des ſeigneurs, gentilshommes, marchands,
& autres Huguenots tuez, eſt oit fait par
authorité priuee, ou donné & departi par le Roy
à ſes courtiſans, & autres ſiens bons ſeruiteurs :
deſquels les aucuns trouuãs quelque choſe de ſingulier
parmi la deſpouille des morts, le venoyent
offrir & preſenter au Roy, à ſa mere, ou à quelque autre des Princes à qui ils eſt oyent plus affect ionnez.
En ces entrefaites le Roy aſſ embla ſon conſeil,
auquel furent monſt rees par Monſieur frere
du Roy, certaines letres du mareſchal de Montmorency,
à Teligny, du vendredi 22. d’Aouſt apres
la bleſſ ure de l'Amiral, en reſponſe de celles
que Teligny luy en auoit eſcrit : & furent leſdict es
letres trouuees dãs les coffres & entre les papiers
de Teligny mort : Par icelles, le mareſchal de
Montmorency monſt roit ouuertement, le deſplaiſir
qu’il auoit receu, entendant la bleſſ ure de
l’Amiral ſon couſin : Qu’il ne vouloit pas en
pourſuyure moins la vengeance, que ſi l’outrage euſt
eſt é fait à ſa propre perſonne, n’eſt ant pas pour
laiſſ er en arriere, choſe qui peuſt ſeruir à ceſt effect , ſachant combien vn tel act e eſt oit deſplaiſãt au Roy.
Or auoit il eſt é conclu au ſecret conſeil
d’entre le Roy, la Royne-mere, Mõſieur frere du Roy
le duc d’Aumale, le duc de Neuers, le comte de
Rets, Lanſac, Tauanes, Moruilliers, Limoges, &
Villeroy (tenu quelques iours auant la tuerie)
qu’auſsi toſt que l’Amiral & les Huguenots ſeroyent depeſchez dans Paris, le duc de Guyſe, & ceux