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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/202

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D I A L O G V EI.

Polibe dit, que la partie la plus requiſe en vn grãd Capitaine eſ‍t, qu’il cognoiſ‍ſe les cõſeils & le naturel de ſon ennemi : & partãt ne ſoyent iamais ſans vn bon nombre d’eſpies (deſquels ils doyuent & peuuent auoir à rechange) de toutes parts.
40Qu’ils ayent entre toutes leurs maximes de negociation, ceſ‍te-cy en ſinguliere recommandation, De ne ſe fier iamais en ceux qui tant de fois & par ſi inſignes & prodigieuſes trahiſõs, ont violé & rõpu la foy, le repos, & la paix publique, ny iamais ſe deſarmer tant qu’ils feront pourſuite contre la doc‍trine de ſalut, ou cõtre la vie de ceux qui en font profeſsion : ſe gardans bien de faire iamais de ces paix, qui ſeruent d’inſ‍trumens à maſ‍ſacres. Que s’il aduenoit de tomber en quelques termes d’accord, ce ſoit auec telles conditions, qu’auant tout œuure, ſoit reſolument eſ‍tabli ce qui eſ‍t expedient pour la gloire de Dieu : & apres cela, ſi biẽ aduiſé à la ſeureté des poures Egliſes, quelles ne ſoyent plus à la merci des loups & tygres.
Que ſi (comme dit eſ‍t) il plaiſ‍t à Dieu de toucher le cœur des tyrans, & les changer, comme il en a la puiſ‍ſance, lors de bonne volonté ils ſe ſubmettent à ceux que Dieu leur a ordonnez pour Princes naturels, & leur rendent tout deuoir de bons & obeiſ‍ſans ſuiets. Mais ſi le mal eſ‍t venu uiſques au comble, & que la volonté de Dieu ſoit de les exterminer : s’il plaiſ‍t à Dieu ſuſciter vn prĩce Chreſ‍tien vengeur des offenſes, & liberateur des affligez, qu’à ceſ‍tuy ils ſe rendent ſuiets & obeiſ‍ſans,

comme à vn Cyrus que Dieu leur aura

enuoyé.