En Angleterre les Parlemens, qui ont meſme
puiſſ ance qu’auoyent les eſt ats en France, ont ſouuent
condamné leurs Rois.
Cela eſt hors de toute doute que ceux qui ont
la puiſſ ance de deſlier, ont auſsi pouuoir de lier.
Et partant és lieux où ceſt ordre eſt eſt ably,
qu’il y en a quelques vns qui ſeruent de bride aux
Rois, & aux loix de ſeure garde : ie dis que ceux là
ſans faillir peuuent & doiuent reſiſt er aux iniques
ou prophanes commandemens des Rois. Et ne
peuuent ceux-là laiſſ er la royauté & legitime gouuernement
degenerer en tyrannie ſans commettre
vne manifeſt e trahiſon enuers le peuple : qui a
eſleu tels eſt ats principalement à celle fin, qu’ils
empeſchent la tyrannie. Que ſi de malheur elle y
ſuruient, (comme nous la voyons par nos pechez
arriuee à ſon comble, diſpoſant des biens & des
corps, de l’honneur & de l’ame à ſon gré) c’eſt aux
ſuiets priuez de recourir au remede vers les eſt ats :
eſt ant choſe toute aſſ euree, que ces trois eſt ats
ſont comme ſouuerains magiſt rats par deſſ us
le Roy en ceſt endroit, quoy qu’ils ſoyent priuez
& au deſſ ous du Roy pour vn regard ordinaire.
Que ſi ce droit là des eſt ats vient à deſcheoir
& à ſe perdre ? Ie te reſpõs, & fort bien ce me ſemble :
que les Rois qui ont ſi ſouuent en leur bouche,
qu’on ne preſcrit rien contre eux, nous enſeignent
auſsi de dire, qu’il n’y a point de preſcriptiõ
contre les droits du peuple & des eſt ats. Et que
la loy ciuile de laquelle nous vſons, qui a la raisõ
pour ſon ame, nous enſeigne & apprẽt, qu’vn poſ-