vies, ce qu’ils doyuent auoir de plus cher en ce
monde. Surquoy ils ſe ramenteuoyent l’vn à l’autre
ce que Nancé capitaine des gardes du tyran,
fit par ſon commandement en la iournee de la
trahiſon, aux gentilshommes couchez en l’antichambre
du Roy de Nauarre : leſquels, comme
tu ſcay, il fit tuer, le tyran les regardãt d’vne feneſt re,
à la porte du Louure, apres les auoir tous
deſarmez de leurs eſpees, & dagues, & pluſieurs
autres exemples des anciens, & modernes tyrans
qui en ont vſé tout de meſmes.
Et ſur tout ils ſe reſouuenoyent, comme d’auertiſſ emens
treſnotables, de ce Bordereau de memoires
qui fut enuoyé, comme tu ſcay, au defunct
Amiral, vn peu auant les noces tragiques de la
ſœur du tyran : lequel bordereau, tous eux diſoyent
vouloir apprendre par cœur, pour ne l’oublier
à iamais : ayant comme ils diſoyent le meſpris
d’iceluy eſt é cauſe de la ruine & des miſeres
que nous ſouffrons tous auiourd’huy.
L’hi. Voila de bonnes gens, & bien reſolus. Dieu
les vueille fortifier, & maintenir en leur ſainct
propos. Il vaut mieux eſt re ſage tard, que de ne
l’eſt re iamais : & ne le pouuant eſt re aux deſpens
d’autruy : il vaut mieux l’eſt re à ſes deſpens : voire,
aux deſpens de ſes freres : (quoy que le prix ſoit
par trop cher) que de ne l’eſt re point du tout, ny
à quelque prix que ce ſoit : ſe ſouuenant qu’ils ont
affaire à des ennemis, qui ſe ſont touſiours plustoſt
ſeruis de noſt re ſimplicité, pour nous nuire,
que des moyens qu’ils euſſ ent.
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D I A L O G V EI I.