Mais encore ie ne deſire pas en luy vne ſi grãde
hardieſſ e, ie luy permetz, qu'il aime mieux vne
ie ne ſcay quelle ſeureté de viure miſerablement,
qu'vne douteuſe eſperance de viure aiſe.
Quoy ſi pour auoir la liberté, il ne luy faut
que la deſirer ? S'il n'eſt beſoin, que d'vn ſimple
vouloir, ſe trouuera-il nation au monde,
qui l'eſt ime trop chere, la pouuant gaigner d’vn
ſeul ſouhait ? & qui pleigne ſa volonté à recouurer
le bien, lequel on deuoit racheter au prix
de ſon ſang, & lequel perdu tous les gens d'honneur,
doiuent eſt imer la vie deſplaiſante, & la
mort ſalutaire.
Certes tout ainſi, que le feu d'vne petite eſt incelle, deuient grand, & touſiours ſe renforce :
& plus il trouue de bois, plus il eſt preſt
d'en bruler. Et ſans qu'on y mette de l’eau pour
l’eſt eindre, ſeulement n'y mettant plus de bois,
n'ayant plus que conſumer, il ſe conſume ſoy-meſmes,
& vient ſans force aucune, & n’eſt plus
feu. Pareillement les Tyrans plus ils pillent &
exigent, plus il ruynent & deſt ruiſent, plus on
leur baille, plus on les ſert, de tant plus ils ſe fortifient,
& deuienent touſiours plus forts, & plus
frais, pour aneantir & deſt ruire tout, & ſi on ne
leur baille rien, ſi on ne leur obeyt point, ſans cõbatre,
ſans frapper, ils demeurẽt nuds & desfaits,
& ne ſont plus rien, ſinon comme la racine eſt ant
ſans humeur, ou aliment, la branche deuient
ſeche, & morte.
Les hardis, pour acquerir le bien qu'ils demandent,
ne craignent point le danger, les auiſez ne
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