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D I A L O G V EI.

ſupplier treshumblement d’y pouruoir & leur adminiſ‍trer iuſ‍tice, comme vn bon prince doit à ſes ſuiets. Le Roy les ayant humainement receus, & recueilli leurs plaintes, monſ‍troit d’en eſ‍tre bien fort marri, & leur reſpõdit, que par la mort-Dieu il en feroit la vengeance, & chaſ‍tieroit ſi bien les ſeditieux, qu’il en feroit memoire à iamais.
Monſieur, frere du Roy, ne pouuant laiſ‍ſer ſi toſ‍t la haine qu’il portoit aux Huguenots, ny meſmes la diſsimuler, pour l’obligation qu’il auoit à l’egliſe Romaine (de laquelle & du clergé François, il auoit deux cens mille francs de penſions) donnoit neantmoins parfois eſperance auſdic‍ts gentils-hommes deputez, d’appaiſer & rabatre vn iour à venir, le mal-talent qu’il leur portoit. Le Roy de ſa part, continuoit touſiours ſes careſſes, auſdic‍ts quatre gentils-hommes deputez, leur faiſant pluſieurs dons & preſens : entre autres, il dõna vn eſ‍tat de Maiſ‍tre des requeſ‍tes de ſon hoſ‍tel, au ſeigneur de Cauagnes, & quelque preſent en deniers à Teligny, lequel fit auſsi preſent au Roy d’vn beau & bien adroit courſier Rabican, & d’vn petit cheual, qui manioit en toutes ſortes de luy-meſme, ſagement & bien à poinc‍t, & ſans que perſonne fuſ‍t deſ‍ſus, que le Roy monſ‍troit d’aimer bien fort, & s’en eſmerueiller. Preſque tous les courtiſans ſembloyent ſe reſiouir, voyans ces deputez en cour, & monſ‍trans d’auoir oublié les aigreurs des guerres, n’oublioyẽt rien des careſ‍ſes de cour enuers eux, reprenans en apparence les arres de leurs vieilles cognoiſ‍ſances &

familiaritez paſ‍ſees. Sur tout, le Roy,& la Royne

ſa mere