La France vient de perdre un de ses plus grands historiens qui, aveugle et accablé avant l’âge de maux et d’infirmités, a dit en terminant sa belle et laborieuse carrière : « Voilà ce que j’ai fait et ce que je ferais encore. Si j’avais à recommencer ma route, je prendrais celle qui m’a conduit où je suis ; aveugle et souffrant sans espoir et presque sans relâche, je puis rendre ce témoignage qui, de ma part, ne sera point suspect : il y a au monde quelque chose qui vaut mieux que les jouissances matérielles, mieux que la fortune, mieux que la santé elle-même, c’est le dévouement à la science. >
Augustin Thierry était à Hyères en 1831, espérant que le donx elimat de la Provence rendrait quelqne force à son corps, usé par de longs travaux. Sa cécité était déjà alors presque complète. Ce fut pendant son séjour à Hyères qu’Augustin Thierry composa les vers inédits qu’on va lire. Une dame de notre connaissance en obtint une copie, qu’elle a bien voulu nous communiquer. Ces vers n’étaient point destinés à voir jamais le jour ; mais les sentiments qu’ils expriment sont si nobles, si conformes à la vie entière de leur auteur, que nous ne croyons pas manquer à