Page:Revoil - Les Exiles.djvu/183

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ment craintive, ne s’était séparée un seul instant de sa fille.

La duchesse aimait les arts, le luxe, les grands monuments, les beaux sites de la nature, tout ce qui embellit et exalte la vie, tout ce qui nous dérobe le spectacle des misères de ce monde ; son immense fortune lui permettait de satisfaire tous ses désirs et de ne s’intéresser qu’à ce qui la charmait. Il est si facile aux riches en se murant dans leur jouissances d’oublier que l’on souffre autour d’eux ! La jeune mère s’efforçait d’inspirer tous ses goûts à sa fille et de faire de leur bonheur réciproque un égoïsme à deux. Emportant ainsi avec elle la douce passion de sa vie, la duchesse voyagea pendant un an dans toute l’Allemagne, dont la petite Cléophée apprit en se jouant la langue. Sa mère lui fit d’abord admirer les vieux châteaux qui