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VOYAGE

AU

PAYS DES KANGAROUS




CHAPITRE I

Le fermier et son ami le capitaine. – La famille Mayburn. – Projet d’un voyage aux grandes Indes. — Les orphelins de Wendon. – Ruth la maladroite. — La proposition de Jack.


« Je viens vous demander un conseil, mon cher O’Brien, » dit un matin Max Mayburn à son voisin malade.

Je dirai tout de suite que Max Mayburn était un de ces riches fermiers qui se livrent par goût à l’agriculture dans le Royaume-Uni, et n’en ont pas moins reçu une très belle éducation.

« Oui, mon cher voisin, ajouta-t-il, je suis le plus infortuné des hommes. Tout ce que je vois, tout ce que je touche chez moi, me rappelle la perte douloureuse de ma pauvre femme. N’était-elle pas l’âme de la maison, la directrice de la famille, mon guide, mon soutien sur la terre ? Me voilà seul, et je me sens désormais incapable d’accomplir la tâche que Dieu m’a laissée ici-bas.

— Il n’y a qu’un seul remède à la douleur que vous éprouvez, mon ami, répondit O’Brien, c’est de vous raidir contre vos souvenirs et d’accomplir vos devoirs de père de famille.

— Je me sens incapable de cela, répliqua Max Mayburn ma santé est profondément altérée, ma vue s’est affaiblie à force de pleurer. Je ne donne plus mes soins habituels aux travaux de la ferme ; je n’ai plus le moindre plaisir à instruire mes enfants ; la lecture elle-même, que j’aimais tant, m’est profondément indifférente à cette heure.

– Allons ! allons ! secouez cette torpeur, mon bon voisin ; avec le temps toutes les blessures se ferment. Vous êtes jeune, vous avez des enfants qui méritent votre affection ; résistez, au lieu de céder à ce fâcheux état d’esprit songez à eux, et vous deviendrez peu à peu fort contre votre douleur,