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AU PAYS DES KANGAROUS

Lorsque le moment fut venu, les trois explorateurs armés de flèches et d’arcs, emportant les vases à eau, sortirent avec précaution, tandis que Jack etO’Brien se tenaient près de l’ouverture qui avait été pratiquée pour leur livrer passage, avec ordre de boucher l’entrée au cas où cela serait nécessaire.

Les trois amis arrivèrent sans être inquiétés jusqu’à la mare la plus proche et se jetèrent tout d’abord à genoux pour étancher la soif qui les dévorait. Puis ils remplirent tous les récipients qu’ils avaient apportés et se disposèrent à retourner à la caverne.

En ce moment-là un terrible coo-ee frappa leurs oreilles et leur prouva que leur tentative avait été découverte. Ce cri fut répété par les échos des montagnes et par les sauvages qui se tenaient en embuscade ; les jeunes gens couraient de toutes leurs forces. À un moment donné, une flèche siffla aux oreilles de Wilkins. Les trois camarades posèrent par terre leurs réservoirs pleins d’eau et bandèrent leurs arcs. Ils se virent alors poursuivis par une douzaine de sauvages qui se tenaient à quarante pas derrière eux. Les flèches sillonnèrent l’espace, et l’on put s’apercevoir, à la confusion qui régna dans la troupe des noirs, que les coups avaient porté. Ce temps d’arrêt donna aux jeunes gens la facilité de reprendre leurs vases pleins d’eau et de parvenir à l’entrée de la caverne avant que les sauvages eussent pu se rallier et les empêcher de passer derrière la barricade.

« Tirez ferme sur tous ces maudits ! Enfin nous voilà en sûreté, Il nous sera possible de tenir encore pendant deux ou trois jours. Nous serons réduits, en ce cas, à nous nourrir de pommes de terre et d’avoine verte, objecta Jenny, car il ne nous reste plus que six faisans, qui se décomposent par l’effet de la chaleur. Nous avons, il est vrai, des poules qui mangent plus qu’elles ne valent et qui seront excellentes rôties.

— J’espère que vous ne ferez pas cela, s’écria Ruth. Voyez donc ! elles ont pondu six œufs cela vaut bien la peine qu’on nourrisse ces pauvres bêtes. Oh ! mademoiselle Marguerite, ne permettez pas qu’on tue mes poules ! »

Miss Mayburn accorda grâce entière aux volailles de Ruth, car elle fit observer que la valeur édible des œufs répondait à celle de l’avoine picorée par elles.

« Jenny, dit-elle à la cuisinière, ayez confiance en Dieu, qui nous fournira notre pain de tous les jours. »