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VOYAGE

Quelle ne fut donc pas sa désolation, lorsque sa jeune maîtresse lui apprit certain jour qu’elle allait quitter le pays avec son père et ses frères !

Le pauvre Jack devait être aussi informé de cette résolution, et éprouver autant de chagrin que sa sœur. J’ajouterai que, de leur côté, les jeunes Mayburn ne songeaient pas sans émotion au moment où ils diraient adieu à leur jeune camarade. N’était-ce pas lui qui façonnait pour eux des arcs, des flèches, des raquettes et tous les instruments de jeux recherchés par la jeunesse ?

Abandonner Jack était donc un regret de plus à ajouter aux autres. Lorsque Marguerite et ses deux frères se présentèrent à l’atelier, où le brave garçon travaillait à une paire de béquilles destinées à la vieille Nanny, qui avait recueilli les deux orphelins au moment de leur découverte près des cadavres de leurs parents, le brave garçon leur fit un cordial accueil.

« Vous me voyez, mademoiselle et messieurs Mayburn occupé à réparer une des maladresses de ma sœur. C’est elle qui avait laissé tomber les béquilles de notre excellente vieille. J’ai trouvé du bois parfait pour cette fabrication, et Nanny sera bien surprise lorsque je lui apporterai mon ouvrage.

— Tu es toujours bon, mon brave garçon, répliqua Marguerite, et chacun ici te rend justice ; personne ne voudrait te faire de la peine, et pourtant nous sommes forcés de t’apporter une mauvaise nouvelle.

— Serait-il arrivé quelque chose de fâcheux à M. Mayburn ?

— Non, non, continua la jeune fille.

— De quoi s’agit-il alors ?

— Nous venons t’annoncer notre départ. »

Ruth entrait en ce moment dans l’atelier pour voir son frère et lui dire ce qu’elle avait appris de ses jeunes maîtres. Elle se jeta dans les bras de Jack, et tous les deux se mirent à pleurer.

« Vous nous quittez ! est-ce bien vrai ? » demanda Jack.

Les trois enfants de Max Mayburn se contentèrent de remuer la tête en signe de confirmation.

« Eh bien ! je veux aller avec vous, continua le jeune menuisier.

— Tu ne peux pas abandonner ta sœur, répliqua Marguerite. Nous nous rendons dans un pays éloigné ; il nous faudra traverser l’Océan et d’autres mers lointaines, et, là où nous allons, les habitants ont des mœurs et un langage bien différents des nôtres.

— Ces gens-là ont-ils quatre jambes ? demanda inconsidérément la sœur de Jack.

— Non, ils se contentent d’en avoir deux, comme nous, répondit Hugues Mayburn. On nous assure que ces sauvages ne nous mangeront pas, c’est là l’essentiel ; seulement il est certain qu’ils ne sont pas du tout civilisés.

— Dans quel pays vous rendez-vous donc ? » s’enquit Jack.

Arthur lui expliqua alors quelles étaient les intentions de son père, et il ajouta qu’il regrettait fort de quitter Wendon, et de lui dire forcément, adieu, à lui et à sa sœur.

« Laissez-nous alors vous accompagner, Mademoiselle, dit Ruth. Nous travaillerons pour vous, Jack et moi. Personnellement, je déclare que si