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AU PAYS DES KANGAROUS

La nuit se fit, une nuit splendide, comme elle l’est dans les régions tropicales : la brise était embaumée par les parfums des fleurs ravivés par la pluie récemment tombée. Les étoiles dardaient leurs rayons dans l’espace éthéré ; les insectes lophophores voltigeaient dans les arbres ; tout semblait célébrer la puissance de Dieu et rappeler vers lui les pensées humaines.

Les voyageurs s’endormirent paisiblement et ne furent réveillés qu’à l’aube, lorsque le jour revint pour éclairer leur marche.





CHAPITRE XXIII

Le traîneau d’écorce. — La tribu amie. — Les melons sauvages. — Une alarme nocturne. — Les combats. — Bivouac sur la bruyère. — Réapparition des sauvages. – En route pour le sud.


Tandis que la cuisinière préparait le déjeuner avec l’aide de Marguerite et de Ruth, Jack et les deux jeunes amis revinrent au campement, traînant une large feuille d’écorce à laquelle ils avaient attaché des cordes.

« C’est Jack qui a inventé cela, s’écria Gérald. N’est-ce pas bien imaginé ? un wagon pour les bagages ! Plus de havresac ! Jenny nous confiera sa batterie de cuisine, nous serons libres de nos bras et de nos jambes, et chacun à son tour s’attellera à ce véhicule. Deux par deux.

— Sans doute ce sera un moyen de locomotion très utile tant que nous voyagerons dans la plaine, sur une surface plane ; mais dans les montagnes, à quoi cela nous servira-t-il ?

— Eh bien une fois là nous reprendrons chacun nos paquets et nous laisserons le traîneau. Rien ne sera plus facile que de s’en construire un autre lorsque le chemin sera devenu meilleur. »

L’invention du traîneau était excellente on put s’en servir pendant plusieurs jours, car on traversait des plaines entrecoupées de ruisseaux et de bouquets de bois où l’on ne s’arrêtait que pour tuer du gibier, faisans et kakatoès, destiné à la nourriture quotidienne.

Une semaine après le départ de la grotte volcanique où les naufragés avaient repoussé les attaques des sauvages et de Black Peter, les chasseurs de la troupe aperçurent des hordes de kangarous qu’ils se mirent à poursuivre.

La mort d’un de ces animaux fut le résultat de très grands efforts, et comme le temps s’était rafraîchi, il fut facile de conserver la viande pendant deux jours. La peau, bien nettoyée et desséchée au soleil, fut tannée avec des herbes odoriférantes et convertie en sac pour y conserver les galettes confectionnées par Jenny Wilson. La pluie était tombée à divers intervalles, et les voyageurs avaient dû se dépouiller de leurs manteaux de fourrures pour préserver leurs précieuses provisions.