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AU PAYS DES KANGAROUS

— Wilkins, à votre recommandation, s’écria le colon, prendra les fonctions de garde-magasin, et habitera à la laiterie des qu’il aura épousé Susanne Rayne. Je leur donnerai en dot un assortiment de bêtes à cornes et d’oiseaux de basse-cour pour les encourager au travail. Jenny Wilson et Ruth trouveront leur place dans le ménage de notre maison jusqu’au jour où, votre maison étant bâtie, monsieur Mayburn, vous les reprendrez pour vous servir.

— Je me propose, moi, ajouta Marguerite, pour avoir une école dans le village et y apprendre à lire aux jeunes enfants. Nakina partagera ces leçons et deviendra bientôt une petite Anglaise, à la couleur près.

— Je m’attendais à cette proposition, remarqua Edouard Deverell. Emma vous tiendra compagnie et vous aidera dans ce pieux devoir. Nous construirons donc une école près de l’église et de la maison de M. Talbot. Charles y exercera la médecine comme il le fait depuis que nous sommes établis ici, et je dois avouer qu’il a peu de malades à visiter. Je lui ai entendu dire que, quand il se serait fait bâtir sa future demeure, il se rendrait à Sydney pour y épouser une charmante orpheline et la ramener ici avec ses deux sœurs, ce qui formera une addition fort agréable à notre colonie.

— Voilà qui est bien pensé, répondit Max Mayburn. Et vous, cher monsieur Édouard, ne songez-vous pas également à prendre femme ? Vous ne pouvez vivre en garçon en ce pays enchanté.

— C’est là votre avis, cher Monsieur et ami ? fit Deverell. Dans ce cas, je me fie à vous pour me trouver une fiancée.

— À moi !

— Mais certainement… à vous.

— Mais je ne connais personne.

— Peut-être, mon père, dit Arthur. Si Edouard voulait de ma sœur pour femme ?

— C’est vrai, je n’y pensais pas, » fit le vieillard.

Marguerite rougissait en entendant ces paroles ; mais ses joues devinrent pourpres lorsque Deverell répondit que, depuis sa présentation à la fille de son ami à bord de l’Amoor, il avait fait un rêve près de se réaliser.

Le père demanda alors à sa fille si elle consentait à devenir l’épouse du maître de la « ferme des Marguerites », pour y résider avec sa bonne mère et son aimable sœur Emma.

La réponse fut affirmative, et le jeune colon, au comble de la joie, raconta alors à ses amis tous les détails de son voyage de Melbourne jusqu’au canton où il s’était établi ; il leur expliqua les moyens qu’il avait pris pour défricher le pays inculte et arriver en peu de temps à cette situation prospère et à cette richesse inespérée.

« Je n’ai épargné ni mon travail, ni mes forces, ni mon énergie, pour civiliser et cultiver ce pays jusqu’alors sauvage. Voyez tout se trouve réuni dans ces serres, où j’ai mêlé la flore européenne à la flore australienne ; notre verger est rempli des arbres fruitiers du vieux et du nouveau monde : pommiers, poiriers, abricotiers, cerisiers, brugnons, pêchers, framboisiers, fraisiers, etc. ; nous avons tous ces délicieux présents de la nature ; les ananas forment des haies au lieu et place d’aubépines. »