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VOYAGE

« M’est avis, remarqua Wilkins, que nous ferions bien de fabriquer un catimaron, de façon à amener à terre, par-dessus le ressac, M. Mayburn et les dames. »

L’avis donné par le convict était bon à suivre, et Max Mayburn et ses fils l’approuvèrent. Dès que le second canot fut achevé, on se mit au travail, et à l’aide de longues tresses de lianes et de fortes branches d’arbres, on parvint à faire un catimaron très solide, que l’on entoura de planches légères afin de préserver de l’eau de mer les provisions qu’on devait y arrimer. Gérald appela cela le « wagon aux bagages » et déclara qu’il se chargeait de le diriger à lui tout seul.

Lorsque tout fut achevé, on tint conseil afin de décider sur quel point de la côte on se dirigerait. Les naufragés savaient qu’une grande partie du territoire australien était déserte, que l’eau y manquait, et que la nourriture était rare. Qui pouvait dire si l’on n’aborderait pas sur une de ces côtes inhospitalières ? Il fallait donc songer à se procurer quelques provisions à tout hasard. Le tonneau ayant contenu de l’eau-de-vie était d’une capacité suffisante ; on le remplit d’eau fraîche, car il était important de ne pas souffrir de la soif.

Cela fait, un beau matin tout le monde se mit en marche, pourvu de sacs et de paniers, afin de rapporter des provisions de toutes sortes, indispensables pour la nourriture des passagers.





CHAPITRE IX

Approvisionnements. — Les pommes de terre nouvelles. — Ruth au milieu des naturels. — Départ de la flottille. — Arrivée sur une plage déserte. — Les sauvages au bord de la mer. — Abordage sur les côtes de l’Australie. — La fourmilière. — On reprend la mer. — L’orage. — La perte du catimaron.


En arrivant sur les bords du lac, les explorateurs aperçurent un nombre immense d’oiseaux aquatiques, dont les nids se touchaient presque au milieu des roseaux. Il ne leur fut pas difficile de s’emparer d’une douzaine de beaux canards. Ruth remplit d’œufs une corbeille assez vaste, et les jeunes gens péchèrent une quantité de superbes poissons.

Les provisions étaient suffisantes, et l’on songea à retourner au campement. En passant près du champ qu’ils avaient défriché, et dans lequel ils avaient planté des pommes de terre, les naufragés furent étonnés de trouver une luxuriante végétation couvrant toute la superficie remuée à la pelle. En creusant le sol, les fils Mayburn et leurs camarades trouvèrent des pommes de terre nouvelles, dont ils emportèrent un certain nombre dans un sac. Il restait encore un tiers du tonneau de ces précieuses solanées ; aussi les naufragés du Golden-Fairy furent-ils d’avis qu’il fallait laisser pousser la ré-