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1re Année * No 2
Mardi 27 Octobre 1903

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mardi de chaque Semaine, du 20 Octobre au 20 Avril

Léon VALLAS
Directeur - Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI.
NOTES ET DOCUMENTS
POUR L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE À LYON

CLAUDE RAFI

" Fleustier " Lyonnais

Il n’est pas rare de rencontrer dans les auteurs les louanges en prose ou en vers des virtuoses qui ont su imposer leur talent à leurs contemporains : que ce soit par le charme d’une belle voix ou par le maniement délicat d’un instrument, ceux, qui ont pu émouvoir leurs auditeurs, ont eu la satisfaction de savoir leurs noms portés à la postérité sur les pages des écrivains. Combien il en est autrement des facteurs d’instruments à qui l’on donne aujourd’hui le nom générique de luthier ! Le mérite des exécutants a absorbé et absorbe si bien le leur, qu’il est bien petit le nombre de ceux qui, entendant un virtuose, se demandent de quelles mains sort cet instrument qui les charme, et cherchent à attribuer à son modeste auteur une petite part du plaisir qu’ils éprouvent. Pourtant, dans la musique, la question de facture instrumentale, est loin d’être un élément négligeable : nous n’en voulons pour preuve que le soin que mettent les

artistes à choisir chez le meilleur luthier, l’instrument qu’ils chargent de transmettre leurs émotions musicales.

De nos jours, le goût des choses anciennes, et, ajoutons-le tout bas, un peu le mercantilisme, ont tiré de l’oubli le nom d’une foule de ces luthiers, dont le mérite a été consacré par le temps, et sur lesquels les contemporains sont bien muets : c’est donc dans les archives qu’il faut aller chercher leurs traces. C’est ce qu’on a fait notamment pour l’illustre école de luthiers crémonais ; c’est ce que se proposait de faire pour les luthiers lyonnais, M. le Dr Coutagne, à qui nous devons la partie documentaire de ce qui va suivre.

Le témoignage des auteurs, sur les luthiers leurs contemporains, étant d’autant plus rare que l’on remonte plus avant dans le passé, nous avons été agréablement surpris de rencontrer trois fois dans les poètes du xvie siècle le nom de Rafi, luthier lyonnais. Son mérite ne paraît pas avoir dépassé la sphère de sa spécialité instrumentale, aussi nous n’hésitons pas à croire qu’il fut bien grand, pour avoir provoqué, contre toute habitude, une mention qui devait sauver son nom de l’oubli.

Dans son églogue sur Mme Loyse de Savoye, mère du Roy François Ier de ce nom, morte en 1531, Marot, qui avait déjà