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1re Année * No 10
Mardi 22 Décembre 1903

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mardi de chaque Semaine, du 20 Octobre au 20 Avril

Léon VALLAS
Directeur-Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX

Si Parsifal est la plus haute expression du genre musical appliqué à l’interprétation des sentiments le plus sublimes, c’est-à-dire à l’amour divin, si Tristan est la plus radieuse réalisation artistique de l’amour humain, l’Anneau du Nibelung n’en reste pas moins l’œuvre la plus complètement, la plus typiquement wagnérienne, en ce qu’elle synthétise dans leur plus haut degré de perfection, les procédés et l’art du maître. De la Tétralogie, trois parties déjà ont été représentées à Lyon, le prologue et les deux premières journées. Au moment où nous allons être admis à applaudir la dernière partie de l’œuvre, il n’est peut-être pas inutile d’en rappeler brièvement la constitution, et d’en résumer la méthode. Le plan de cette étude comportera donc, après une courte analyse des trois premières Actions de l’Anneau, celle, thématique et détaillée du Crépuscule des Dieux, et un exposé de la méthode suivie par le maître, en particulier pour l’emploi des motifs conducteurs et pour leur orchestration.

 i. – das rheingold

Les filles du Rhin ont la garde de l’or : Leur bavardage indiscret révèle au nain Alberich

que la conquête de l’or n’est possible qu’à celui qui maudira l’amour, mais qu’il procurera à son possesseur le pouvoir souverain. Alberich se rue sur le trésor confié aux ondines, et l’emporte.

Cependant, les dieux qui habitent les sommets embrumés des monts, se sont fait construire par les géants, un palais entouré d’une imprenable forteresse. Ils ont promis de livrer en échange aux géants Fafner et Fasolt, la déesse de l’amour, Freya. Le palais est achevé : l’heure de l’échéance sonne. Wotan, roi des dieux, voudrait éluder sa promesse : il consulte Loge, le subtil dieu de la flamme. Le rusé conseille à Wotan d’enlever à Alberich l’or volé aux filles du Rhin et de le donner aux géants, à la place de la déesse promise. Les géants acceptent le marché.

Dans un gouffre souterrain, Alberich gourmande et frappe la troupe noire des Nibelungen, que la puissance de l’or a soumis à son pouvoir. Il a forgé l’Anneau, signe de la puissance souveraine ; il a fait fabriquer par son frère Mime, le tarnhelm, heaume merveilleux qui permet à celui qui le porte de se métamorphoser instantanément.

Wotan, accompagné de Loge, pénètre dans le gouffre. Le rusé irrite la vanité d’Alberich, en refusant de croire au pouvoir du Tarnhelm. Le nain offre de se transformer devant les

deux visiteurs : et de fait il apparaît d’abord