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1re Année
No14
Mardi 19 Janvier 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mardi de chaque Semaine, du 20 Octobre au 20 Avril

Léon VALLAS
Directeur-Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Jean VALLAS ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX

Première Représentation à Lyon (Grand-Théâtre)

L’audition du Crépuscule des Dieux donnée mercredi, figurera comme une des dates glorieuses de l’histoire du Théâtre à Lyon. De l’avis de toutes les personnes compétentes, l’interprétation en a été supérieure à celles que le drame lyrique a reçues jusqu’ici dans la plupart des théâtres allemands ou étrangers. Des ovations enthousiastes ont rappelé sur la scène les artistes et l’excellent chef d’orchestre à qui revient le mérite d’avoir su mettre au point cette oeuvre grandiose, malgré les difficultés de tout ordre que présente son exécution. Le succès s’est affirmé très grand, et d’autant plus notable, que la compréhension de cette oeuvre abstraite et souverainement complexe, exige de la part du public, un exceptionnel effort d’attention, que peut seule obtenir une exécution parfaite.

L’interprétation vocale de la Goetterdaemmerung est une des plus arides qui soient. L’artiste n’y rencontre ni phrase mélodique développée, ni note à effet. Les parties vocales étant traitées par le Maître de la même façon que les parties instrumentables, les voix se fondent dans la masse, où elles ne représentent pas toujours, il s’en faut, la partie chantante ni conductrice. En outre, l’artiste est obligé à un souci constant de la mimique, à laquelle Wagner a attaché une importance considérable. Tout ceci est vrai, plus encore pour le Crépuscule que pour la Walkyrie ou Siegfried, où l’on rencontre assez souvent des phrases vocales mélodiquement développées.

Mlle Louise Janssen est considérée depuis longtemps comme la plus intelligente interprète de la pensée wagnérienne dans les rôles d’Elsa, d’Elisabeth et d’Isolde. Il semblait logique de lui attribuer le rôle de Gutrune, proche parente, au double point de vue scénique et vocal, de personnages précités. C’est cependant la Walküre qu’elle a incarnée mercredi. Ses plus ardents admirateurs ne pouvaient espérer une aussi merveilleuse interprétation que celle qu’elle a donnée de ce personnage complexe et difficile. En elle, il faut tout louer sans réserve : sa méthode vocale, l’incomparable pureté de sa voix, la