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« Ainsi que le raconte Schindler (d’après les actes du tribunal) ce procès fut renvoyé par le Tribunal supérieur — qui ne jugeait que les causes de la noblesse et du clergé — devant le simple Magistrat. Cet acte dégradant a vivement froissé l’artiste, comme il appert d’une source très sûre, les écrits de Mlle Del Rio, utilisés par Schindler, qui font comprendre que Beethoven avait beaucoup perdu dans l’estime des Viennois, par suite de cette négation juridique de sa noblesse. Il ne manque pas d’asséner, à cette occasion, un coup bien mérité à l’état de culture des bourgeois de Vienne d’alors, et montre ainsi pourquoi le maître prenait l’affaire au tragique. »

À l’occasion du Concert que la SCHOLA CANTORUM LYONNAISE donnera le 7 Décembre, le prochain numéro de la « Revue Musicale de Lyon » sera consacré en grande partie à VINCENT D’INDY et à son œuvre.

Chronique Lyonnaise

GRAND-THÉÂTRE

La régie du Grand Théâtre

Lundi dernier, au conseil municipal, à l’occasion d’une question posée par M. Lavigne, ancien adjoint aux Beaux-Arts, sur la question des théâtres, s’est élevée une discussion au cours de laquelle M. Augagneur a annoncé formellement son intention de demander et d’obtenir la suppression de la subvention accordée au Grand-Théâtre par la Ville dans le cas ou le système de la régie municipale des théâtres ne serait pas maintenu. La question ainsi posée est des plus intéressantes pour les musiciens lyonnais : nous en parlerons dimanche prochain, après avoir pris connaissance dans le Bulletin municipal officiel, du compte-rendu sténographique de la séance du conseil municipal.

Armide

Mlle Janssen a pris à son tour, vendredi, le rôle d’Armide et en a fait une création admirable. Nous avons eu trop souvent l’occasion de parler de notre grande artiste pour avoir besoin de dire encore les qualités de sa voix si pure, la haute compréhension avec laquelle elle compose ses personnages et la vie intense dont elle les anime. Ce rôle redoutable d’Armide, dont plus d’un de ses admirateurs redoutait pour elle l’écrasant fardeau, a été l’occasion d’un nouveau triomphe. Elle s’y manifesta comme dans les œuvres wagnériennes, cantatrice très sûre et tragédienne lyrique incomparable, et, grâce à elle, le drame du bon Quinault et la musique de Gluck ont pris une vie, une intensité et un intérêt que n’avait guère fait soupçonner la créatrice lyonnaise du rôle, artiste typique d’opéra, à la tenue conventionnelle et aux gestes banals.

La distribution d’Armide, déjà bien médiocre à la première représentation, a été complètement remaniée, chacun des quatorze artistes étant remplacé actuellement par une doublure : le résultat de ces modifications dont une seule est heureuse, est profondément navrant, ou réjouissant, suivant le tempérament des spectateurs, et donne lieu, chez les habitués et les abonnés du théâtre, à des commentaires d’une indignation réelle encore que contenue.

L. V.

LES CONCERTS

Concert Thibaud

Le concert donné le 21 par Jacques et Joseph Thibaud avait attiré à la Salle Philharmonique, d’ordinaire si calme, une affluence inusitée que justifie bien le talent des deux frères. Malheureusement, la soirée perdit beaucoup de son intérêt par suite d’une indisposition de Jacques Thibaud, occasionnant une importante modification du programme.

La seule œuvre inédite annoncée, une sonate pour piano et violon, de Hans Huber, directeur du Conservatoire de Bâle, fut remplacée par une sonate de Grieg. Et l’excellente interprétation de cette dernière œuvre