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nière note, il leva la tête et murmura seulement ces mots : « Ah ! Dieu ! Ah ! Dieu ! » Le jour suivant, je reçus, pour mon mari et moi, une invitation à dîner chez Mme Littelton, dont Liszt était l’hôte ; on me disait qu’il désirait m’entendre encore une fois avant son départ. Pendant la soirée, quand arriva le moment de chanter, Liszt me demanda qui devait m’accompagner. Je lui aurais volontiers répondu : « Vous-même Maestro, si vous le voulez bien », mais je n’osai pas. Après que j’eus interprété deux de ses lieder, il se mit au piano et joua d’une façon tellement saisissante que le souvenir m’en restera toujours présent ; c’était une suite d’évocations, de visions poétiques d’une intensité d’accent extraordinaire… Quand je lui eus chanté de nouveau le Roi de Thula’’, il improvisa divinement sur le piano et me dit ensuite mille choses flatteuses. Le lendemain il partait pour Bayreuth où il mourut bien peu de temps après. »

La ville de Salzbourg, une des plus favorisées de l’Autriche et de l’Allemagne pour la beauté de son site et de ses environs, renferme, comme on le sait, la « Maison natale de Mozart » où se trouve le Musée Mozart, et la « Maison d’habitation de Mozart », place Makart. La fondation internationale Mozarteum, qui remonte à 1841, a fait placer, il n’y a pas encore bien longtemps, sur le penchant de la montagne dite Kapuzinerberg, au milieu du feuillage, une sorte de pavillon de jardin en bois nommé la « Petite maison de Mozart », devant lequel on voit aujourd’hui un buste du maître élevé sur un assez haut piédestal. Si étrange que cela puisse paraître, cette construction légère, qui n’a qu’à rez-de-chaussée, une porte et deux fenêtres, a été transportée là d’une distance de 314 kilomètres. Le directeur d’un théâtre de Vienne, Schikaneder, pour lequel fut composée la Flûte enchantée, avait installé Mozart dans cette maisonnette, toute voisine de son théâtre ; il comptait bien, de cette façon, suivre, jour par jour, les progrès de l’ouvrage et veiller à ce que la partition fût « suffisamment compréhensible et bien dans le sentiment populaire ». Ce personnage avait quelques prétentions, ayant écrit des ariettes et des petites pièces dont le succès n’avait pu soutenir sa fortune ; il se croyait capable de donner des conseils et des indications à Mozart. On a prétendu, sans preuves et contrairement à toute vraisemblance, que la petite maisonnette avait été le témoin de fêtes intimes et d’orgies qui auraient eu lieu avec le personnel du théâtre. Elle a vu mieux que cela, puisque la Flûte enchantée, que Beethoven préférait à tous les autres opéras du maître, y fut terminée en juillet 1791. La première représentation, suivie consécutivement de 119 autres, fut donnée le 30 septembre, à Vienne. Mozart mourut le 5 décembre suivant.

BIBLIOGRAPHIE

Vient de paraître, chez Alphonse Leduc, éditeur, 3, rue de Grammont, à Paris :

Manuscrits autographes
Premier volume des Auteurs Français Contemporains

Cette splendide publication constitue une Collection d’Autographes, absolument unique, des Musiciens classiques et modernes, français et étrangers, et en particulier, des Auteurs contemporains les plus en vue.

Le portrait et la signature de l’Auteur sont joints à chaque autographe et permettent ainsi à tous ceux qui s’intéressent au mouvement musical, de pénétrer un peu dans l’intimité de musiciens illustres dont les noms seuls leur sont jusqu’ici familiers.

Au sujet de la lecture manuscrite à vue, tous les pianistes pourront s’initier aux diverses singularités graphiques et se préparer à éviter toutes les surprises que l’écriture manuscrite de la musique est susceptible de présenter. Ils auront, en outre, le grand avantage de pouvoir s’exercer à lire directement les manuscrits des meilleurs auteurs, particulièrement de ceux qui sont appelés le plus fréquemment à écrire les morceaux de déchiffrage pour les Concours d’admission et de fin d’année des Conservatoires.

D’autre part, la diffusion de ces diverses pièces, réunies en un volume vendu 8 francs, est facilitée par la publication en morceaux séparés, à un prix modique qui les met à la portée de tous (0 fr. 75 chaque).

Chez le même éditeur :

A. Borodine. — Intermezzo (Prix net ; 1 fr. 75)

Parmi les huit morceaux qui composent cette « Petite Suite » de Borodine, « bijoux finement ciselés par la main de l’un des plus grands Maîtres de l’École Russe moderne », suivant l’expression d’un critique qui affectionne particulièrement cette École,