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revue musicale de lyon

petite ville française peut-on recevoir un pareil avis ? Disons pourtant qu’un amateur bien connu à Lille vient de faire exécuter avec succès dans cette ville la Symphonie d’Ernest Chausson.

Paul Forest.

Nouvelles Diverses

On publie périodiquement une statistique, plus ou moins inexacte, relative au nombre des théâtres existants en Europe. Les journaux étrangers viennent de se livrer une fois de plus à ce petit jeu plein d’innocence. Empruntons-leur les nouveaux renseignements réunis par eux à ce sujet, et desquels il appert que c’est la France qui tient le record dans la question. On tient en effet que la France ne possède pas moins de 394 théâtres, suivie de près par l’Italie, qui en compte 389. Viennent ensuite l’Allemagne avec 264, l’Angleterre 205, l’Espagne 190, l’Autriche 188, la Russie 99, la Belgique 59, la Suède et Norvège 46, la Hollande 42, la Suisse 35, le Portugal 16, le Danemark 13, la Turquie 9, la Grèce 8, la Roumanie 7 et la Serbie 6.

Le deuxième Festival-Bach, organisé à Leipzig par les soins de la « Neue Bach-Gesellschaft » a commencé le premier octobre et a duré trois jours. Les concerts ont eu lieu dans les deux salles du Gewandhaus, et le service religieux, célébré d’après la liturgie telle qu’elle existait au temps de Bach, à l’église Saint-Thomas. Parmi les morceaux exécutés, quelques-uns étaient de Hændel, un de George Bohm (1661-1733), un de Christian Ritter (xviie siècle) et six d’auteurs inconnus vivant vers 1650, ceux-là ne sont que de petits airs de danse. Nous ne pouvons citer toutes les œuvres de Bach que l’on a entendues ; mais, parmi les cantates, deux appartiennent au genre humoristique et sont parmi les plus curieuses productions du maître. L’une, le Défi de Phœbus et de Pan, est connue à Paris où elle a été donnée pour la première fois aux concerts Lamoureux le 2 décembre 1883 ; l’autre est appelée ordinairement la Cantate du Café ; elle est écrite pour soprano, ténor et basse, avec accompagnement de flûte, instruments à cordes et clavecin. Le poète habituel de Bach, Frédéric Henrici, qui signait ses ouvrages du pseudonyme de Picander est l’auteur du texte de la cantate. Il met en scène une jeune fille de la société de Leipzig. Lise, c’est son nom, a pour le café une irrésistible passion ; ni les prières, ni les menaces de son père, le bourgeois Schlendrian, ne peuvent l’empêcher de faire l’abus le plus pernicieux de ce breuvage ; une seule chose cependant fait sur elle un peu d’impression ; c’est la déclaration qui lui est signifiée qu’on ne lui donnera pas de mari si elle ne promet de renonce à ce qui lui procure tant de délices. Picander terminait là dessus son petit drame de famille, mais Bach, beaucoup plus fin, a compris que la plaisanterie serait autrement piquante si Lise, espiègle et mutine, parvenait à duper tout le monde. L’amour aidant, la jeune fille obtient de son fiancé l’assurance qu’il la laissera tout à sa guise moudre et cuire autant de café qu’elle voudra. Lors de son introduction en Europe, vers 1650, le café fut dénoncé par les médecins comme une boisson dangereuse ; néanmoins il fut si généralement adopté que les musiciens le célébrèrent pendant un temps à l’égal du vin. Un recueil de Cantates françaises, paru vers 1703 (3e livre, no 4), renferme un chant à la louange du café. Plusieurs poètes allemands publièrent, sur le même sujet, des poésies destinées à être mises en musique et beaucoup, sans doute, le furent effectivement. L’œuvre de Bach a été composée en 1732. On peut lire dans les Nouvelles de Francfort de l’année 1739 : « Mardi, 7 avril, un musicien étranger du nom de Kreamen donnera un concert dans lequel on verra, dans une scène dramatique, Schelendrian avec sa fille Lisette ». Le billet d’entrée coûtait 30 kreutzer, et pour 12 kreutzer on pouvait acheter le texte de la scène. On a oublié d’indiquer le nom du compositeur, mais il est bien probable qu’il s’agit de l’œuvre de Bach.

Petite Correspondance

Dr M. D. — Sur les sonates pour piano de Beethoven nous ne connaissons que deux ouvrages spéciaux : 1o Beethoven et ses trois Styles, par M. de Lenz (épuisé et rare, se cote de 20 à 30 fr.) 2o) Leçons écrites sur les sonates de Beethoven, par Th. Wartel (1865, 5 francs).

Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.