Page:Revue bleue, tome XLVIII, 1891.djvu/764

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CHRONIQUE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE Quand les fausses nouvelles commencent à circuler en temps de baisse, on peut s’attendre à une reprise prochaine ; cela semble indiquer, en effet, que les baissiers ne sont plus aussi sûrs du succès, puisqu’ils sont obligés de recourir à des manœuvres pour main- tenir les bas cours C’est ainsi que, pendant les der- nières séances, nous avons eu des nouvelles de Russie, des nouvelles d’Espagne, des nouvelles d’Autriche, toutes plus mauvaises les unes que les autres, interpré- tées dans le sens le plus sombre, le plus pessimiste. Dans sa hâte d’exploiter un désarroi dont elle pressent bien le peu de durée probable, la spéculation a préci- pité ainsi ses attaques avec la dernière violence, comme si elle craignait que le temps ne vînt à lui manquer pour achever son œuvre. Nous ne passerons pas eu revue tous les bruits qui ont circulé et qui ont d’ailleurs été démentis ; il suffit de savoir que, grâce à ces manœuvres, la baisse s’est maintenue sur la plupart des valeurs qui avaient déjà été atteintes. On a encore cherché à provoquer une réaction sur la rente : on a parlé de dissentiments mi- nistériels, dégrève dans le Pas-de-Calais; mais nous remarquons avec plaisir que l’épargne ne s’est pas laissé abattre et que nos fonds d’État ont conservé leurs cours. A ceux que cette crise prolongée inquiéte- rait et qui douteraient de la fermeté persistante de notre rente, nous conseillons d’étudier les chiffres que nous allons citer et qui leur montreront mieux que toutes discussions quelle est notre situation financière. Voici, d’après un rapport de M. Poiucaré sur les crédits supplémentaires, quelle est, au 1" novembre, la situation de l’exercice 18’.»1. Les recettes fixées par le budget s’élèvent à 3 165 297 f)27 francs. Les plus-values constatées sur les recouvrements pendant cette période montent à 87 2/il /(OO francs. En y ajoulaut les recettes exception- nelles non prévues au budget et les fonds de concours versés par les Compagnies de chemins do fer, on ob- tient comme total des recettes pendant les dix premiers mois de l’exercici’ 3 316 /|(i8 905 francs. Si, aux dépenses évaluées jiar la loi de finances, on ajoute les crédits additionnels de toute nature ouverts ou à ouvrir sur l’exercice 1891, et qui s’élèvent à 111 373 701 francs, on obtient un total de dépenses qui s’élève à 3 276 2r)5 250 francs. L’exercice 1891 présente; donc au 1" novembre un excédent de recettes de /(O t93 65/i francs. Les plus-values constatées pendant les dix |)reuiiers mois de 1891 s’élèvent, comme on vient de le voir, à la somme de 87 2/|1 M’O francs. Si, dit M. Poiucaré, on suppose que celles qui seront encore constatées pendant les deux derniers mois .seront égales au cin- quième de cette somme, on peut prévoir pour 18’,)l un bénéfice total de près de 105 millions. Si, d’autre part, on tient compte des crédits supplé- mentaires dont l’utilité pourrait êtrereconnuejusqu’au moment de la clôture de l’exercice, et si, d’un autre côté, on évalue les annulations définitives de crédits sans emploi qui seront prononcées en règlement à la somme de 45 millions, somme inférieure à la moyennr des annulations des dix derniers exercices réglés, on voit qu’il est permis d’espérer, pour l’exercice 1891, un excédent final de recettes qui ne sera pas inférieur à 75 ou 80 millions. Nous n’avons rien à ajouter à un pareil exposé, nous nous contenterons seulement de répéter les recom- mandations que nous avons eu plusieurs fois l’occa- sion de faire. La baisse ne peut plus se prolonger, il importe donc que l’épargne ne se laisse pas influencer par les nouvelles alarmistes de la spéculation; il nous paraît sage, au contraire, de ne pas différer plus long- temps les ordres d’achat, car on peut avoir aujourd’hui la certitude d’acheter au-dessous de la moyenne nor- male et de revoir, tôt ou tard, des cours plus élevés, dût-on temporairement eu voir de plus bas encore. A. LcRoix. Informations. Finances russes. •— MM. E. Hoskier et C’" nous commu- niquent le relevé des recettes et des dépenses du Trésor russe pour les sept premiers mois de 1891, comparés à la période correspondante de 1890. Les recettes ordinaires et extraordinaires eflectuées en 1891, tant en Russie qu’à l’étranger, ont été de 497 millions 310 000 roubles contre 488 662000. en augmentation de 8()/i8 000 roubles. Les dépenses, de leur côté, ont été de 557-527 000 roubles, contre 580789000, en diminution de 23 262000 roubles.

Le canal de Panama. — M. A. Monchicourt, liquidateuniu Panama, vient de déposer au tribunal son rapport sur les opérations de la liquidation. Ce travail contient l’historique des événements de ces derniers mois et des combinaisons tentées pour rachèvcment du canal. Le liquidateur déclare que les intérêts considérables en- gagés dans rafïaire ne peuvent pas rester plus longtemps en suspens. 11 faut promptemcnt agir, soit qu’on veuille sérieu- sement reprendre les travaux, soit qu’on se contente de sauvegarder les épaves de l’actif. Dans ce dernier cas, la formation d’une société civile en- globant tous les obligataires serait le seul moyen de parer au.K revendications de créanciers qui ne manqueraient pas de se faire attribuer, par privilège et au détriment de la masse, les dernières ressources de la li<iuidation.

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La situatidH vu l’urttKjoL — D’après les statistiques olli- cielles, arrêtées au 1" juillet et publiées par le Journal ofjicicl, les recettes ordinaires de l’État ont été de 21/j mil- lions /i25 925 francs, présentant sur l’exercice précédent une augmentation de I 15;i7o;i l’rancs. Les élections ont eu lieu i Lisbonne le 15 novembre. Les partisans du gouvernement ont remporté une éclatante vic- toire; dans les six circonscriptions de Lisbonne, ils ont olitenu une énorme majorité. A. L.