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d’histoire et de littérature.

orné du gorgonium. Elle est tournée à droite. Cette figure a été trouvée en deux morceaux que l’on avait séparés et elle restait complètement méconnue. M. K. l’a très-bien rétablie et prouve par la forme particulière d’une entaille qu’elle ne pouvait occuper une autre place que celle qu’il lui assigne. 2o Vis-à-vis, une Victoire ailée, debout. Il n’y a pas place pour une troisième figure.

Puis commence, de l’est à l’ouest, le grand côté de la balustrade : 1o Minerve assise sur un navire ; 2o Victoire cherchant à retenir la génisse qui va être sacrifiée ; 3o Victoire dressant un trophée ; c’est le centre de toute la composition ; 4o Victoires debout, dont l’action ne peut, jusqu’à présent, être déterminée ; 5o la femme qui délie sa sandale. — Nous n’avons pas le loisir de développer les raisons de détail tirées tantôt de quelques circonstances matérielles, tantôt de la comparaison des monuments analogues ou enfin d’un sentiment très-approfondi de l’art grec, qui déterminent M. K. à grouper ainsi les fragments, mais elles sont pleinement convaincantes. La seule lacune dans le monument restitué est donc à droite du trophée central. Un jour ou l’autre, quelque nouveau fragment donnera tout à coup la signification et la vie aux parties mutilées et inexpliquées. On a remarqué, depuis longtemps, que le relief de la génisse échappant aux Victoires qui la conduisent au sacrifice avait été imité par les anaens : on possède ce sujet à Rome et à Florence. Mais la plus grande partie du bas-relief romain est moderne et a été refaite d’après l’antique de Florence. Il n’y a donc en réalité qu’une imitation de la sculpture athénienne. C’est une imitation, et non une copie : le mouvement de la génisse n’est pas le même. Mais ce qui est moins connu, c’est que la femme dénouant sa sandale se retrouve, presque en réplique, sur un bas-relief de Munich que M. Michaelis a déjà signalé. La figure conservée à Munich est, dit M. K. p. 31, d’une beauté extraordinaire : toutefois on lui trouve encore quelque chose de contraint quand on compare son travail au faire libre et magistral du modèle.

Il est malheureux que l’attitude du personnage mis en rapport avec la Sandalenlœserin de Munich ne se retrouve dans aucun des fragments athéniens, de sorte que le rapprochement ne peut servir à la restitution tentée ici.

V. Il reste enfin à fixer approximativement l’époque où fut construite la balustrade. Tous les archéologues ont reconnu que cette construction était postérieure à celle du temple. M. K. pense qu’elle eût lieu en 407 lorsque par ses victoires à Abydos et à Cyzique, et par la prise de Byzance, Aicibiade procura aux Athéniens un regain de gloire et de prospérité.

Quelques considérations de M. R. Schoene, sur le plan topographique de la terrasse qu’entourait et décorait la balustrade, ajoutent à la valeur de cette excellente monographie.

M. K. est également l’auteur d’une description des monuments antiques conservés à Athènes dans le Théséion. Il déclare lui-même que ce travail a été fait rapidement et dans des circonstances défavorables : en effet c’est plutôt un inventaire qu’un catalogue. L’auteur a dû suivre l’ordre selon lequel les objets sont placés dans le temple qui leur sert d’asile, et cet ordre n’est rien moins que méthodique de sorte que les recherches sont assez difficiles dans le livre lui--