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LE TAUROBOLE ET LE CULTE DE BELLONE

le Phrygianum. Les tertres artificiels élevés dans les cités du Rhône et du Rhin sont-ils simplement une reproduction de la colline romaine, centre du culte des déesses asiatiques[1], comme les Capitolia municipaux sont une imitation de la montagne qui portait le sanctuaire le plus vénéré de la religion officielle[2] ? Il semble qu’une autre idée encore ait inspiré le choix de ce nom[3]. Le mot Vaticanus était mis par les anciens en relation avec vates, vaticinium[4]. Or, nous l’avons dit, les tauroboles ont lieu fréquemment, sinon toujours, ex vaticinatione archigalli[5]. Bien que nous ignorions comment était rendu cet oracle, il est probable que l’officiant prononçait certaines formules liturgiques du haut d’une butte sacrée. Ce rite serait un reste du culte des hauteurs, qui était répandu dans toute l’Asie Mineure, et dont des vestiges curieux ont subsisté jusqu’à nos jours. Ainsi s’explique que dans les temples de Bellone-Mâ on ait régulièrement édifié une sorte de tumulus[6], qui reproduisait sans doute en miniature quelque montagne de Comane où, dans une gorge sauvage, un peuple d’hiérodules rendait hommage à la grande protectrice de la contrée.

Ainsi, à défaut d’un témoignage positif, une série de

  1. Boissier, Relig. rom., I, p. 396, n. 3. « Certaines fêtes de Bellone et de Cybèle avaient lieu à Rome sur le Vatican. Quand on les transporta en province on eut soin, pour que la lettre du rituel fût observée, de construire une petite élévation factice à laquelle on donna le nom de la colline romaine. »
  2. Saglio dans Daremberg et Saglio s. v. Capitolium, p. 905. Hülsen dans Pauly-Wissowa s. v. Capitolium, 1538 s.
  3. Cf. Boissieu, l. l..
  4. Aul. Gell., XVI, 17, Paul. Diac. s. v.
  5. Voyez supra p. 100 ; cf. Tibulle, I. 6, 43 : Sic magna sacerdos (de Bellone) est mihi divino vaticinata sono.
  6. Tertull. De pallio, 4, cf. Marquardt-Wissowa, Staatsverw. III, p. 76, n. 6. — On trouve même en Asie Mineure de ces tells artificiels, dits collines de Sémiramis ; cf. Th. Reinach, Mithridate Eupator, p. 246, n. 1.