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Page:Revue d'histoire et de littérature religieuses-vol6-1901.djvu/82

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RELIGIONS DE L’INDE

remarques générales sur la philosophie et les religions indiennes — but et économie de ces chroniques.
ouvrages généraux


Il y a dans l’histoire religieuse de l’Inde des pages très belles, très intéressantes, et d’un intérêt vraiment général.

Cette histoire, sans nous toucher d’aussi près que l’histoire juive ou hellénique, mérite la sérieuse attention de tous les esprits. Elle plonge par ses origines dans le passé le plus reculé de notre race, s’alimente incessamment aux sources obscures du polythéisme et de la religion des « peuples de la nature », comme disent métaphoriquement les ethnographes ; — elle se développe sans heurt et sans crises par une série de révolutions concentriques qui la ramènent, ou peu s’en faut, au point de départ : merveilleusement une par certains côtés, elle associe, sans soudure apparente, les éléments les plus étranges. La large portion de l’humanité qui a vécu cette histoire — l’expression n’est pas dépourvue d’exactitude, car la vie religieuse est toute la vie de l’Inde — présente des caractères particuliers et qui l’isolent du reste du monde : rien, cependant, de plus compréhensif et de plus complet que l’esprit indien. Cette histoire enfin, très longue, minutieusement documentée par endroits, mal éclairée dans l’ensemble, excite d’autant plus la curiosité qu’elle n’est pas terminée : c’est seulement dans l’Inde que survivent les religions polythéistes et qu’on respire l’atmosphère du monde ancien.

Pour comprendre l’Inde, il faut étudier d’abord les brahmanes : dès une époque très ancienne une aristocratie intellectuelle s’est constituée, scindée en diverses écoles, et dont les préférences ont varié, mais qui est restée en somme fidèle au même idéal, idéal très élevé, trop élevé, qui, toujours affamée du divin, ne s’est jamais reposée dans le positivisme scientifique ou vulgaire. Elle a péché par orgueil, par dédain du pratique et du raisonnable, et très souvent s’est payée de mots ; mais il faut lui rendre doublement justice : ses intellectuels, même les nihilistes des écoles bouddhiques, même les panthéistes absolus du pur Vedânta, n’ont jamais renié le dogme fondamental sur lequel repose toute religion morale, celui de la sanction, de la récompense et du châtiment dans une vie à venir ; — d’autre part, quoi qu’on en ait dit, ils sont restés en intime communion avec la masse immense des croyants ; ils ont été les agents conscients de ce travail de civilisa-