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Page:Revue d’économie politique, 1888.djvu/20

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LA SCIENCE ÉCONOMIQUE ET LA POLITIQUE NATIONALE.


L’économie politique est-elle une véritable science ? Les économistes l’affirment ; les socialistes le nient. Un dissentiment aussi radical atteste l’importance de la question.

À l’heure présente, en effet, les économistes et les socialistes occupent les deux pôles opposés du monde politique. Leurs tendances contrastent, leurs opinions diffèrent ; ils se divisent sur les principes et se combattent dans les applications.

Rationnellement, nous disent les économistes, l’économie politique est une science. La richesse, qu’elle étudie, est gouvernée par des lois naturelles d’origine surhumaine et d’essence invariable. Notre puissance doit compter avec leur puissance. Quel que soit le principe supérieur dont elles émanent, Providence divine ou Nature incréée, Tordre social qu’elles établissent n’est pas exclusivement notre œuvre ; l’homme n’y participe qu’à titre de simple coopérateur.

Erreur, nous disent les socialistes : l’économie politique n’est pas une science. La richesse, qu’elle étudie, est gouvernée par des lois artificielles de création humaine et d’essence conventionnelle. Notre volonté agit efficacement sur leur existence. L’ordre social qu’elles instituent est absolument notre œuvre ; l’homme y préside à titre de souverain maître.

Pratiquement, nous disent les économistes, l’économie politique est une science. En conséquence, lès États doivent subordonner partout leurs actes et leurs codes aux lois immuables et univer-