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Page:Revue d’économie politique, 1888.djvu/472

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naissent que le crédit personnel est de la richesse. En quoi le travail lui-même, en quoi le crédit personnel sont-ils des produits de la terre, du travail et du capital ?

Il fut un temps où les sciences physiques étaient exactement dans le même état que la science économique de nos jours. Ce n’était qu’une masse de confusions et de contradictions. Le philosophe le plus sage de l’antiquité, voyant que tous les professeurs de sciences physiques étaient en complet désaccord avec eux-mêmes, détourna ses disciples déconcertés et désespérés de l’étude de la science physique et les engagea à se borner à la science morale.

Si Socrate revenait aujourd’hui sur la terre, serait-il du même avis ? Comment la science physique a-t-elle été amenée à son état actuel de perfection ? Simplement par une soigneuse fixation de ses définitions, une observation attentive des faits et une application assidue à mettre la terminologie en harmonie avec sa nature ; et la science économique ne peut être relevée du discrédit dans lequel elle est notoirement tombée qu’à la condition de suivre rigoureusement les méthodes qui ont créé les sciences physiques.

Et à l’appui de cette idée, j’invoquerai l’autorité de Mill lui-même, qui écrit avec beaucoup de justesse : « En présence d’un ensemble si complexe d’éléments particuliers comme ceux compris dans tout ce qui peut être appelé science, la définition dont on se contente au début est rarement celle qu’une connaissance plus étendue du sujet fait apparaître comme la mieux appropriée. Ce n’est que quand on connaît les éléments eux-mêmes qu’on peut déterminer la formule la plus correcte et la plus précise qui les comprenne dans une définition générale. — Les définitions scientifiques, qu’il s’agisse de définir des termes écrits ou des mots usuels employés dans un sens technique, sont presque toujours du genre dont il a été parlé en dernier lieu ; elles ont principalement pour but de servir de frontière à la classification scientifique. Et, les classifications de toute science se modifiant continuellement avec les progrès des connaissances scientifiques, les définitions des sciences changent constamment… Ce qui est vrai de la définition d’un terme scientifique est naturellement vrai de la définition de la science elle-même ; la définition d’une science doit donc être progressive et provisoire. »

Est-il possible de trouver quelque chose qui s’applique plus exactement à notre espèce ? Ceux qui adhèrent encore à la défini-