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Revue d’Histoire des Doctrines Économiques et Sociales.




L’histoire joue un rôle sans cesse grandissant, elle est devenue une discipline indispensable dans les sciences sociales.

L’évolution des faits et l’évolution des idées constituent le double objet de ses recherches. On ne saurait sans doute établir une séparation complète entre l’une et l’autre ; mais la nécessité d’une division du travail poussée toujours plus loin à mesure que la science progresse, oblige l’historien à consacrer à l’une d’elles ses efforts à peu près exclusifs, à se cantonner sur l’un des deux domaines, en se servant de la connaissance de l’autre comme d’une science auxiliaire. L’histoire de la pensée humaine distinguée mais non isolée absolument de l’histoire, des institutions et des faits, forme ainsi l’une des grandes branches de l’histoire de l’évolution sociale.

On ne nous en voudra pas d’affirmer que, dans cette branche, l’histoire des doctrines économiques et sociales constitue la ramification la moins développée, bien, moins, avancée que l’histoire du droit, que l’histoire de la philosophie, que l’histoire de la littérature, que l’histoire de l’art. Elle est, en France, qui pourtant vit naître la science économique avec les Physiocrates et qui, au XVIIIme siècle, fut si féconde en économistes et en réformateurs sociaux, moins avancée qu’en Italie et en Allemagne.

Depuis quelques années cependant, bon nombre d’ouvriers se sont mis à défricher ce champ immense ; monographies et ouvrages d’un caractère plus général commencent à s’accumuler. L’histoire des doctrines économiques qui dans les Facultés de Droit françaises fait l’objet d’un Cours spécial, y a suscité un certain nombre de Thèses du Doctorat politique et économique dont quelques-unes sont tout-à-fait remarquables ; elle paraît aussi attirer de plus en plus les candidats au Doctorat ès-lettres et là aussi nous pourrions citer plusieurs travaux de haute valeur.

Mais il reste encore une énorme étendue de terres vierges à fouiller, qui réservent bien des surprises aux pionniers. Il est peu d’œuvres scientifiques aussi utiles et aussi passionnantes à entreprendre que celle-ci ; si elle se développe avec lenteur, c’est sans doute qu’elle se heurte à des obstacles qu’il serait urgent d’aplanir. Il n’existe jusqu’à présent aucun organe spécial pour stimuler, faciliter et grouper les efforts. Il est, en outre, difficile et coûteux de réunir les sources ; certaines, devenues très rares, devraient être réimprimées, les unes en entier, les autres par extraits ; d’autres, encore inédites, devraient être publiées ; ces dernières nous révéleraient chez certains penseurs, auteurs de Mémoires, donneurs d’Avis, pas-