MÉLANGES
ET UNE POÉSIE OUBLIÉE D’ALFRED LE POITTEVIN
On n’a pas oublié l’intéressante étude que M. Henri Bernès a donnée ici même, en 1911, sur le « Qaïn » de Leconte de Lisle et ses origines littéraires. L’auteur de cet article, savamment documenté, s’efforçait de restituer l’atmosphère intellectuelle dans laquelle a germé la première idée du poème, et notait plusieurs rapprochements singuliers entre celui-ci et d’autres œuvres antérieures, comme les Mystères bibliques de Byron, le Déluge de Vigny, et le Monde antédiluvien de Ludovic de Cailleux. Le hasard d’une recherche, d’ailleurs étrangère à Leconte de Lisle a mis sous mes yeux une courte poésie dont le thème n’est pas sans quelque parenté, au moins lointaine, avec celui de Qaïn, et que personne, à ma connaissance, n’a encore signalée.
Elle est d’Alfred Le Poittevin, l’ami tant aimé de la jeunesse de Flaubert. J’ai eu moi-même, autrefois, l’occasion d’esquisser la biographie de cet écrivain, mort avant d’avoir pu remplir la mesure de son talent ; esprit original et distingué qui exerça, sur la vocation du futur analyste d’Emma Bovary, une influence profonde. Si je me permets de rappeler ce travail, précédant la publication des œuvres inédites de Le Poittevin [1], c’est seulement pour me dispenser de revenir aujourd’hui sur des détails qui feraient digression. La pièce dont il s’agit est intitulée Satan. Imprimée en 1836. dans la Revue de Rouen[2], elle m’avait alors échappé. La voici tout au long :
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Jadis, quand dépouillé de son antique gloire, |
