Son humide vapeur, ô Maître de la terre,
Chez ces êtres hideux que ton cœur me préfère,
Voilà quel sera ton encens !
Ta jalouse fureur y sèmera la guerre !
L’homicide Caïn, teint du sang de son frère,
Sera le premier meurtrier ;
Ses fils hériteront des erreurs paternelles,
Et, bravant ta colère, à ton culte infidèles,
S’obstineront à l’oublier.
En vain ton bras vengeur, lassé de la clémence.
Les ensevelira dans un désastre immense
En déchaînant les mers contre eux ;
À peine reproduits, bientôt les fils de l’homme,
Par leur iniquité, sur l’impure Sodome,
Auront fait descendre tes feux !
En vain ton Fils aimé, s’exilant sur la terre,
Viendra leur proposer un destin plus prospère
S’ils veulent accepter tes lois ;
Oubliant de Daniel l’antique prophétie
Ils ne connaîtront point la voix de ton Messie
Et l’attacheront à la croix !
Puis, quand auront sonné les heures tant prédites,
L’Ante-Christ s’abattra sur ces races maudites,
Suivi d’un déluge de feux,
Comme ces vents brûlants qui traversent les plaines,
Soulèvent l’Océan, déracinent les chênes,
Et ne laissent rien après eux !
Tu descendras alors sur ton splendide trône ;
Quelques justes épars recevront la couronne
Pour avoir pratiqué ta loi ;
Mais, frémissant de rage et chérissant leurs crimes,
Le reste des humains, roulant dans les abîmes,
Viendra t’y maudire avec moi ! »
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Si l’on veut établir une comparaison entre ces strophes lourdes, embarrassées,
sans couleur et sans relief, et la grandiose épopée de Leconte de
Lisle, ce n’est certes pas au point de vue de l’évocation plastique qu’il faut
se placer. Le Poittevin n’a ni le don de l’expression forte et juste, du mot qui fait image, ni le sens de l’harmonie, du développement lyrique. Son
style se traîne de platitudes, en banalités, mal à l’aise dans le cadre intangible
du vers, gêné, plutôt que secondé, par la rime. Ici comme dans ses
autres poésies, la forme est hésitante, inexpérimentée. Ses manuscrits
d’ailleurs témoignent tous d’un travail pénible, d’un enfantement laborieux
et rarement heureux. Il ne connaît pas les grands et féconds enthousiasmes
de l’inspiration, qui demeure presque partout chez lui la consé-