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CONTES DE GRAND MÈRES

(Suite)[1].



RATONNE EST MORTE


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Il y avait une fois un raton et une ratonne qui demeuraient dans une petite maison au coin d’un champ. Raton partait tous les matins pour son travail et Ratonne restait au logis pour faire son ménage et sa cuisine.

Un soir que Raton rentrait chez lui, la journée faite, il trouva sur son chemin un bel épi de blé. Ah ! la bonne affaire, se dit-il, je vais le porter à Ratonne qui le donnera à moudre au meunier et nous fera une bonne bouillie.

Et Ratonne porta le blé au meunier pour qu’il le fit moudre et, quand le blé fut moulu, elle emporta sa farine. Ça ne faisait pas un bien gros tas, mais Raton et Ratonne n’étaient pas bien gros non plus.

Le lendemain matin, Raton partit travailler comme d’habitude.

— « Tu m’appelleras dès que la bouillie sera cuite, dit-il à Ratonne, pour qu’on la mange bien chaude » ; et Ratonne le lui promit.

Une voisine prêta un bassin pour faire la bouillie. Ratonne la démêla bien démêlée et, quand elle la trouva cuite, appela Raton de toutes ses forces. — Mais Raton n’entendait point.

Alors Ratonne, voulant se hausser pour que sa voix portât plus loin, ne trouva rien de mieux que de grimper sur le bord du bassin de bouillie. Le pied lui glissa, la voilà dans la bouillie…

Pendant ce temps-là Raton attendait toujours que sa Ratonne l’appelât, comme elle l’avait promis. Voyant que le temps passait et que rien ne venait, il se décida à rentrer pour ne pas risquer de laisser refroidir son dîner.

  1. Voir la Revue de septembre 1908.