Page:Revue de Genève, tome 2, 1921.djvu/608

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Quoi qu’il en soit, la situation politique en Palestine est bien plus favorable que la situation économique. Le travail juif commence parmi d’énormes difficultés.

La Palestine, terre pauvre de tout temps, a été particulièrement éprouvée depuis 1914. Elle se trouve actuellement dans la situation paradoxale d’avoir besoin de nombreux pionniers et de ne pouvoir les recevoir en nombre suffisant. Il faut tout d’abord fonder des institutions d’assistance, établir des abris, construire des routes et des maisons, reboiser, dessécher des marais, intensifier les travaux d’irrigation et d’aménagement hydro-électrique. À cet effet, un grand emprunt vient d’être lancé par l’organisation sioniste. Les Juifs d’Amérique en souscriront la plus grande part. Ce Fonds de Reconstruction sera géré par un Conseil économique composé entre autres de Sir Alfred Mond, membre du cabinet britannique et du baron James de Rothschild.

Les tâches préliminaires menées à bien, l’immigration et la culture du sol pourront être entreprises sur une grande échelle.

Les dirigeants actuels attachent une grande importance à l’œuvre immédiate de colonisation intellectuelle. Plus de douze mille jeunes gens suivent les cours des écoles juives de Palestine. Leur langue maternelle est l’hébreu. Une génération de Juifs fiers se lève. Déjà sur les routes de Judée, la rude langue retentit et les vieux chants hébraïques scandent les travaux des nouveaux Hébreux.

Mais les sionistes ne se bornent pas à travailler en Palestine. Ils persévèrent dans l’œuvre entreprise durant la guerre. Une de leurs tâches principales sera de gagner à leur cause la Société des nations, cour d’appel destinée à trancher les différends éventuels entre la population juive et la puissance mandataire. Comme nous l’avons dit, le projet est conçu en termes imprécis. Les sionistes devront demander à la Société des nations une interprétation du mandat.