Page:Revue de Métaphysique et de Morale, vingt et unième année - 1913.djvu/273

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droits et des obligations de chacun’. Néanmoins celte notion de nature, en elle-même et dans son rapport avec la notion d’un ordre établi par l’art politique, a dans la philosophie sociale d’Aristote quelque chose d’un peu équivoque. La nature est, en effet, selon lui, à la fois une forme et une tin, et, d’autre part, une matière commandée et exigée par la forme; en un sens, elle est à la fois les con- ditions matérielles et l’art vivant qui les utilisée Platon au contraire paraît avoir distingué toutes ces notions avec plus de sûreté. Là même où il est sur le point, comme on l’a vu, de se contenter, sous la dénomination de Dieu, dune sorte d’art infaillible de la nature, il sépare nettement de cet art la nature proprement dite, c’est-à-dire la matière aveugle et informe à laquelle cet art s’applique et qu’il règle; et il se refuse aussi bien à faire de l’art proprement humain le seul artisan de la société qu’à le sacrifier à la nature ou à l’art divin. Les sociétés humaines ne sont pas à ses yeux de purs arti- fices, elles ne sont pas non plus de simples résultats; elles sont le produit complexe de la mise en œuvre des facteurs naturels par la réflexion et par l’art, sous la garantie tutélaire, mais non constam- ment assurée, d’une Providence parfaitement sage.

De cette attitude scientifique de Platon, autant au moins que de son idéalisme, découlent des conséquences morales de portée considérable. — Ce qui fera à ses yeux la valeur d’un groupe. social, ce ne sera ni sa situation géographique, ni son origine ethnique: ce ne seront pas davantage les conditions ambiantes diverses, ni les besoins qui s’y rapportent; mais ce sera la façon dont les hommes qui le composent mettent en œuvre lous ces facteurs. Aristote a cru au contraire à l’existence de races naturellement faites, les unes pour l’obéissance, les autres pour la servitude ; celles-ci, pour remplir h’ rôle de matière et d’instruments à l’égard des premières, et gibier naturel de cette sorte de chasse qu’est une guerre entreprise par une race supérieure contre une race inférieure ^ Platon, lui, a compris de telle sorte la formation historique des sociétés qu’il est conduit à une doctrine toute différente. Quand les drecs. dil-il dans le Politique (262 de, 263 d), distinguent le genre humain en deux classes, dont l’une les comprend, et l’autre, sous la dénominalion

1. Cf. surluiil l’ol. 1, L’, 1252 />, ■>’ ad /in.; III. :i, I27i; I), 1 ad /in.

2. Notammenl l’/iys. 11. i, l’.Ci a, 28-31: 2. lîli a, li -b, ’J. —Cf. O. Haiii.-lii). .iri.stole, l’Itysique, H, trad. cl coiiimontaire (l’.KiT). :> si|.. C-8, (17 sq.. Tfl-"2.

\. l’ot. 1, 2, 1252 //, Cl-’.) (cf. :;, 123l a, 2:t-2S; h. If, sy\.; N, 12:it) b, -IW-H;; i:!,

12i’.() //, 1 s(|.): III. l’i, 1285 (/, H)-22; Vil [IV], 7, 1327 h, 27-33.