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SIR HOVENDEN WALKER

la précaution jusqu’à embarquer d’énormes grues pour hisser .les canons anglais sur les remparts de Québec, et les larges vaisseaux de Sir Hovenden renfermaient une flottille de flibots à fond plat, destinés à être jetés sur le lac St. Pierre pour empêcher l’ennemi de communiquer avec les assiégés, et protéger en même temps — ils étaient armés en frégate — les canots et les flûtes qui emmenaient les troupes de Nicholson[1]. Les embarras d’argent avaient même été prévus, et on avait donné droit à Walker — droit qui lui fut contesté plus tard — de tirer à vue sur les commissaires, de la marine, s’il arrivait à ses équipages de manquer de vivres ou de munitions.

En cas de succès — ce dont, avec le secours du Dieu tout puissant, la reine Anne n’avait aucune raison de douter, puisque tous les préparatifs avaient été faits, tous les ordres avaient été donnés, tous les moyens avaient été pris, pour mener à bonne fin cette campagne[2] — une force navale anglaise devait rester dans le St. Laurent, pendant que les prises faites sur les Français transporteraient en Europe le gouverneur ennemi, les troupes prisonnières, les religieux et toutes autres personnes comprises dans les articles de la capitulation. Puis, quand ces choses glorieuses seraient passées dans le domaine de l’histoire britannique, lorsque la Nouvelle France aurait pris rang au nombre des vassaux de celle qui s’intitulait alors reine d’Angleterre, de France[3] et d’Irlande, un ordre d’embarquement devait être donné aux troupes qui n’étaient plus nécessaires au maintien de la paix, et Sir Hovenden Walker s’empresserait alors de revenir, non toutefois sans avoir attaqué Plaisance, dans le cas où la saison lui permettrait d’approcher Terreneuve. Enfin, pour conclure, comme de tout temps il y a eu une pointe de commerce dans les guerres anglaises, Sa gracieuse Majesté

  1. D’après le rapport officiel de MM. Thomas Taylor et Ed. Bradshaw, chargés d’examiner l’état de cette flottille, elle se composait de vingt baleinières portant chacune six rames et dix pagayes, et de vingt flibots à fond plat portant huit rames chacun. — Vide Appendice du journal de Walker, p. 243.
  2. In case of Success (of which with the Blessing of Allmighty god we bave no reason to doubt considering the preparations that have been made, and the Directions that have been given, and the Methods that have been taken to carry on this Expedition.) Royal instructions for our trusty and well beloved Sir H. Walker, rear admiral of our White Squadron.
  3. Le titre de roi de France, pris pour la première fois par Édouard III d’Angleterre, fut porté par ses successeurs jusqu’en 1801.