Page:Revue de Paris, 24e année, Tome 1, Jan-Fev 1917.djvu/114

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— Nous avons cherché… nous n’avons rien trouvé, — fit madame de Givreuse d’une voix éteinte.

Elle aimait Valentine avec une tendresse qui ne le cédait qu’à sa tendresse pour Pierre. Elle croyait tout connaître de cette jeune fille, qui ne savait guère dissimuler et encore moins mentir.

— Il y a trop de mystères dans cette maison ! grommela Augustin entre ses dents.

Et, à voix haute :

— Tout de même, on ne me fera pas croire qu’elle soit partie sans motif !

Il dirigeait alternativement vers Pierre et Philippe ses yeux où luisaient la curiosité et la réprobation.

— Sans doute, — fit Pierre en regardant le comte en face. — Mais personne n’a rien fait ni rien dit… volontairement… qui ait pu affliger mademoiselle de Varsennes.

— Soit ! — grogna Rougeterre. — Renonçons à comprendre et ne perdons plus de temps. Il faut la retrouver !

C’était un homme d’action ; il proposa une série de démarches.

Philippe devait, avec le jardinier, explorer la plage ; Pierre se rendrait à Avranches, et le comte à Granville. Madame de Givreuse enverrait des serviteurs dans les villages voisins, et demanderait le concours de Savarre, qui connaissait à fond le pays et disposait d’un personnel nombreux.


XI


Valentine avait passé une nuit tragique. Pourtant la soirée avait été presque calme. Lorsqu’elle se retira dans sa chambre, elle éprouva d’abord une détente assez douce. Il lui semblait qu’elle se retrouvait, que ses agitations avaient été un cauchemar à l’état de veille et qu’elle s’était étrangement exagéré la situation.

Elle n’avait pas sommeil ; elle prit un livre dans sa petite bibliothèque. C’était François le Champi. Il y avait déjà quelque temps qu’elle ne l’avait pas parcouru. Elle prit plaisir