pré-atomiques de l’autre. On obtient ainsi deux systèmes de corps simples, par exemple deux hydrogènes, deux oxygènes et par suite deux espèces d’eau ordinaire et deux espèces d’eau oxygénée. Pour un même volume, ces hydrogènes, ces oxygènes, ces eaux, ont la moitié de la masse, et conséquemment, du poids des hydrogènes, des oxygènes et des eaux ordinaires. Ils ont aussi des propriétés lumineuses et électriques particulières…
Savarre s’était levé ; une émotion violente bouleversait ses prunelles ; un jet de lumière l’éblouissait jusqu’au tréfonds de l’inconscient.
Il ne put retenir un cri :
— C’est prodigieux !
Car, subitement, il n’avait plus aucun doute. Les paroles de Gourlande s’ajustaient fatalement à l’énigme des Givreuse :
— J’ose présumer, — murmura le neurologue d’une voix rauque, — que Grantaigle a étendu ses découvertes à la matière organisée.
Gourlande se taisait. Son regard nyctalope, étrangement lointain, semblait venir vers Savarre du fond d’une caverne.
Après une longue pause, il reprit :
— Oui, mais là doivent s’arrêter mes confidences… Les formules que je pourrais vous communiquer ne vont pas même aussi loin. Elles s’arrêtent aux phénomènes pré-électriques. Pour obtenir la bipartition des atomes, il faut résoudre des problèmes qui, je crois, ne seront pas résolus avant deux ou trois siècles… car un homme comme mon maître ne se produira peut-être jamais plus… comme il ne s’en était jamais produit dans le passé !…
— Je suis sûr, — cria Savarre avec une extrême agitation… — je suis sûr que Grantaigle avait appliqué la bipartition aux êtres vivants…
— Sûr ! — dit Gourlande d’une voix assombrie… — Sûr ?
— Absolument sûr.
Ils demeuraient face à face, les yeux fixes et tout pâles.
— Monsieur, — fit doucement le visiteur, — j’ai répondu à vos questions… autant que me le permet l’engagement sacré que j’ai pris avec mon maître. Vous ne refuserez pas à votre tour de me répondre : pourquoi vous intéressez-vous à ses