Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/182

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sances intéressées à la question aient omis jusqu’ici de s’en occuper ? Non pas. Une Commission franco-hispano-britannique, dès le lendemain de la signature de l’accord de Madrid, se mit à l’œuvre pour préparer ce statut. En attendant qu’un protocole officiel apportât au problème posé une solution définitive, la zone de Tanger continua donc à vivre sous le régime de l’acte d’Algésiras. Et c’est dans ce morceau de terrain large à peine de quelques kilomètres que s’étaient finalement réduites et que subsistent depuis 1906 les vastes conceptions de la célèbre conférence diplomatique.

À la veille de la conflagration européenne de 1914, l’Angleterre et la France avaient élaboré, d’un commun accord, un projet de statut qui fut soumis à l’adhésion de l’Espagne. Mais cette puissance crut devoir faire des objections ; elle discuta ; elle tergiversa ; tant et si bien que, le 2 août 1914, survint la guerre. Les circonstances imposèrent alors certaines résolutions urgentes. Les hostilités étant ouvertes entre le Sultan et les empires centraux, il en résultait que le ministre d’Allemagne et le ministre d’Autriche à Tanger ne pouvaient plus demeurer à leur poste puisqu’ils y étaient accrédités auprès du Sultan lui-même. Ces agents diplomatiques furent par conséquent expulsés. D’ailleurs le traité de Versailles (art. 141 à 146) marqua le terme de l’action allemande au Maroc en spécifiant que toutes les dispositions consécutives aux diverses conventions diplomatiques antérieures à la guerre étaient, en ce qui concerne les puissances vaincues, purement et simplement abrogées, et que « tous les biens et propriétés de l’empire et des États allemands, dans l’empire chérifien, passaient de plein droit au maghzen, sans aucune indemnité ».

La zone de Tanger se trouve donc aujourd’hui dans la même situation qu’en 1912, avec cette différence que les conséquences de la guerre ont fait revenir entre les mains du Sultan les intérêts que l’Allemagne et que l’Autriche y possédaient et que dorénavant pas plus l’Allemagne que les héritiers de l’Autriche-Hongrie n’ont à prendre part au débat qui se poursuit désormais entre le maghzen, l’Espagne, l’Angleterre et nous.