Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/190

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sur métaux, etc., ni même les terrains urbains, d’une considérable superficie, appartenant à nos nationaux, on ne saurait oublier la part prédominante de la France dans les grandes entreprises de travaux publics.

Il en est deux qui dominent tout ; le futur chemin de fer Tanger-Fès et le port de Tanger.

Tanger est appelée à devenir la tête de ligne de la grande voie ferrée de la zone française. Sans doute cette voie traversera-t-elle d’abord, par une sorte de coïncidence géographique, un coin de la zone espagnole ; mais sans grand profit économique. Le véritable but du Tanger-Fès c’est de desservir la partie la plus riche de la zone française et d’être, pour cette zone, une voie de transit et une porte d’accès ou de sortis. Au surplus 60 p. 100 du capital de la Société est français ; française aussi la majorité du Conseil d’administration. Cette circonstance suffirait déjà à affirmer le droit qu’a la France de ne pas se désintéresser du sort de Tanger ; mais il en est une autre d’un poids tout aussi considérable : le port de Tanger.

La rade de Tanger exige d’importants travaux pour devenir un port praticable. Avant la guerre, l’exécution de ces travaux avait été adjugée à la Société Marocaine de Travaux publics et la part française et la part chérifienne représentaient 50 p. 100 du capital. Le traité de Versailles, cependant, eut pour conséquence de faire passer entre les mains du Sultan les parts de capital que possédaient l’Allemagne et l’Autriche, en vertu des conventions antérieures à la guerre. La Nouvelle Société Internationale pour le développement de Tanger qui s’est substituée à la Société marocaine de Travaux publics a reçu, l’an dernier, par dahir du sultan, la concession du port. Cette société comporte quatre administrateurs français, deux espagnols et deux anglais. L’Espagne, sans doute, a cru devoir élever des protestations relatives à l’attribution au Maghzen des parts austro-allemandes ; l’Angleterre paraît s’être associée aux objections formulées par le cabinet de Madrid. Il n’y a là pourtant que l’application toute naturelle de l’article 144 du traité de Versailles que l’Angleterre a signé et auquel l’Espagne est totalement étrangère.