Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/681

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degrés différents, dans toutes les parties du monde. Des mouvements de plusieurs sortes, en puissance avant 1914, ont pu, dans le désordre général et dans le déséquilibre moral et mental dus à la guerre, gagner en ampleur. Et ceci est particulièrement vrai des troubles révolutionnaires qui, fermentant jadis en secret, se sont aujourd’hui manifestés au grand jour dans bien des pays. L’établissement du communisme en Russie ne fut rendu possible que par le terrible bouleversement provoqué par la guerre. Bien que soigneusement préparés à l’avance, les plans des promoteurs de ce mouvement n’auraient certainement pu réussir sans ces conditions, entre toutes, favorables ; et, partout, les avocats d’une révolution mondiale ont été encouragés par ce qui s’est passé en Russie. Dans les contrées occidentales, il est, parmi les populations, des éléments forts, par là même malaisés à intimider, disposés qu’ils sont à se rallier à la cause des lois et de l’ordre. Dans l’Inde, au contraire, où les masses sont ignorantes, excitables et crédules au dernier degré, séparées en groupes dissemblables par les différences de race, de caste et de religion, de tels éléments sont rares et presque négligeables. Depuis la Mutiny, les masses, muettes, ont, jusqu’à ces dernières années, eu confiance et montré une préférence réelle pour les fonctionnaires britanniques, de qui elles obtiennent justice. Dans les districts ruraux les relations anglo-hindoues étaient très régulièrement amicales et l’agitation ne pouvait se manifester que dans les villes. C’est de l’attitude de ces millions de gens travaillant à la terre que dépend l’avenir de l’Inde. Ils sont, de beaucoup, l’élément le plus important dans le cas présent et, pour cette raison, des efforts acharnés sont faits, par l’intelligentsia, pour les amener, tant par des mensonges extravagants que par l’intimidation, à entrer en conflit avec nous.

On a dit, il y a longtemps, « que l’Inde pouvait être perdue à Westminster » ; il y a, dans cette supposition, une part de profonde vérité. Toutes les fois que les politiciens ont le droit de se mêler d’administration, l’autorité d’un pouvoir occidental, quel qu’il soit, peut, en Orient, être mise en péril. Je crois que la tranquillité dont bénéficie la France dans ses