Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/687

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tionnaire. Le Government of India Act de 1919 marque le triomphe d’un petit nombre d’Indiens ayant reçu l’éducation occidentale, triomphe rendu possible par l’appui de gens bien intentionnés se figurant que des institutions, qui, en Occident, sont la résultante de siècles d’évolution politique, peuvent être applicables à l’Orient. Ce Bill néglige les intérêts de plus de 300 millions d’âmes, et détruit les rouages administratifs qui surent donner à ces populations la liberté et veiller sur leurs intérêts. De plus il augmente à un point alarmant les maux inhérents à tout gouvernement et bientôt, trop tôt, on le verra réagir sur la vie même des masses.

Les élections eurent lieu en janvier 1920. En certains endroits on eut un recours actif aux manœuvres les plus variées. L’Assemblée de toute l’Inde (All India Assembly) fut élue par 180 000 voix, sur une population s’élevant, dans l’Inde britannique, à 250 millions. Pour la nomination des Conseils provinciaux, 1 votant, sur 4, alla aux urnes. La population rurale, comptant 230 millions d’âmes, et qui constitue la masse la plus importante de l’Inde, ne peut espérer exercer aucune influence réelle sur les affaires indiennes. Tel est donc le système démocratique appliqué à des peuples orientaux plus nombreux de beaucoup que ceux d’Europe, en exceptant la Russie par des doctrinaires obéissant à une oligarchie organisée.

L’exemple donné par les 19 membres du Conseil du Vice-Roi en octobre 1916 fut suivi par une recrudescence d’agitation aidée par une énergique propagande menée en Angleterre et en Amérique. Tout prétexte fut bon ; toute plainte controuvée fut exploitée pour exciter l’animosité contre le gouvernement britannique. Le Rowlatt Act, émis à la suggestion du Sedition Comittee, dont faisaient partie des Hindous distingués, était appelé à simplifier et à accélérer la procédure légale dans les cas de « crime anarchiste et révolutionnaire. » Il ne menaçait en rien les citoyens respectueux des lois et ne pouvait être employé par le gouvernement que dans les endroits où se produisaient des troubles sérieux. Mais les politiciens indiens considèrent toujours comme une injure personnelle toute loi qui n’aurait pas été nécessaire en France ou en Grande-Bretagne, et ils surent en tirer un