Page:Revue de Paris, 40è année, Tome IV, Juil-Août 1933.djvu/471

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qu’on entendait ses vers, en disant « Admirable ! Quel bouquet ! Quel feu ! » Un côté de la vie provinciale française, séculaire, a été enterré avec lui.

Enterré, dans la mesure restreinte où en littérature quelque chose finit absolument. Comme les grandes îles pour les formes animales, la province reste un conservatoire de formes poétiques. Des intermédiaires à la manière du Lheureux de Madame Bovary ont longtemps exploité, exploitent encore le zèle poétique des deux sexes. En 1881, un M. Victor Billard publie chaque mois l’Académie des Muses santonnes, une cinquantaine de pages de vers sur deux colonnes, laquelle a plusieurs milliers d’abonnés parce qu’il a institué entre eux des concours et leur décerne des prix. Jusqu’en 1914 une douzaine de publications analogues sont entretenues par le désir tenace d’associer encore France et espérance, lampe et tempe, astres et désastres, et ces frères jadis ennemis, Lamartiniens et Parnassiens.


albert thibaudet