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SECONDE PARTIE[1]

Eurydice ! Eurydice !


I

Une seconde fois perdue !

Tout est fini, tout est passé ! C’est moi maintenant qui dois mourir et mourir sans espoir ! — Qu’est-ce donc que la mort ? Si c’était le néant… Plût à Dieu ! Mais Dieu lui-même ne peut faire que la mort soit le néant.

Pourquoi donc est-ce la première fois, depuis si longtemps, que je songe à lui ? Le système fatal qui s’était créé dans mon esprit n’admettait pas cette royauté solitaire… ou plutôt elle s’absorbait dans la somme des êtres : c’était le dieu de Lucretius, impuissant et perdu dans son immensité.

Elle, pourtant, croyait à Dieu, et j’ai surpris un jour le nom de Jésus sur ses lèvres. Il en coulait si doucement que j’en ai pleuré. Ô mon Dieu ! cette larme, — cette larme… Elle est séchée depuis si longtemps ! Cette larme, mon Dieu ! rendez-la-moi !

  1. Nous publions le dernier travail de Gérard de Nerval, tel qu’il nous l’a laissé, en respectant, comme c’était notre devoir, les lacunes qu’il avait l’habitude de faire disparaître sur les épreuves. (Note de la Direction.)